dimanche 14 décembre 2014

Deux femmes



J'ai pioché au hasard dans ma bibliothèque et j'en ai extrait 2 ouvrages.
 Le hasard ayant très bien fait les choses je ne peux que vous faire partager
ce délicieux moment de lecture.

Ce sont deux figures de femmes peintes à 9 ans d'intervalle, l'une par un homme, en 1927, l'autre par une femme, en 1936.
« Adrienne Mesurat » par Julien Green et « La femme de Gilles » par Madeleine Bourdhouxe.

Julien Green (1900-1998) est de nationalité Américaine, né à Paris, et a presque toujours écrit en français. Son oeuvre est immense, influencée par son fervent catholicisme : le Bien et le Mal , l’Hypocrisie de la religion; il a succédé à Mauriac à l'Académie Française, seul écrivain de nationalité étrangère.. Il repose en Autriche selon son désir. Il a participé à la guerre de 14 en tant qu’artilleur, à 18 ans.





Madeleine Bourdhouxe (1906-1996) est Belge. Son premier roman n'a pas été publié car le second ayant  eu un succès immédiat, elle ne voulut pas le publier. Elle a publié une dizaine de romans et nouvelles, dont le dernier recueil à 79 ans.







D’ Adrienne Mesurat , Julien Green écrira dans la préface de 1973 pour la seconde édition : « Quand le livre parut, quelqu'un s'avisa qu' Adrienne n'était autre que moi ». On retrouve dans l'ouvrage dit-il, la maison familiale et même la figure paternelle, ce dont son père sera peiné. Cette oeuvre s'apparente à Eugénie Grandet et à Madame Bovary, deux jeunes femmes périssant d'ennui en province.
Adrienne est une toute jeune fille de 18 ans, très mature. Son existence est confinée entre un vieux père austère et une soeur, vieille fille malade et aigrie. Adrienne voit se profiler la lumière dans un regard croisé au hasard dans sa rue et bâtit tout un univers sur un rêve. Le roman décrit cette existence quasi figée sur quelques mois à peine, et pourtant riche en rebondissements, jusqu'au poignant dénouement. Dans un style propre à Green, riche en emploi du passé simple, qui sert magistralement la montée en puissance de cette atmosphère. Un pur régal.
Poche N°3418
(Dans cette édition, une préface de 16 pages écrite par J Green lui même parle de l'ouvrage.)
De Julien Green j'avais adoré "Moïra". Bien que ce soit aussi une femme,qu'évoque le titre, le personnage principal en est un jeune homme puritain. Le bien et le mal s'affrontent avec violence dans ce roman.

« La femme de Gilles »  raconte quelques mois de l'existence d'un jeune couple en milieu ouvrier. Il travaille en usine, elle s'occupe des petites jumelles, de la maison, c'est une vie simple, paisible, laborieuse. Ils s'aiment et sont heureux. Un petit garçon va naître de cette union heureuse.
Pourtant dès la 6 ème page, quelque chose va basculer, par le biais de Victorine, la jeune soeur d' Elisa, (la femme de Gilles), dont Gilles va tomber éperdument amoureux. Une passion dévastatrice. Dont Elisa se rendra vite compte. Avec amour et abnégation elle va souffrir en silence puis elle va aider Gilles, le soutenir, le porter comme un enfant, elle va aller jusqu'au bout d'elle même, après que Gilles eut été abandonné par sa jeune maîtresse. Enfin, un jour, le ciel de Gilles va s'éclaircir, les affres de la passion vont s'évaporer. Elisa, soudain, se trouvera vide de quelque chose, comme dans  une dépression post partum, les mains vides mais aussi, peut être, le coeur vide. Le coeur vide ? Cette perspective terrifie Elisa.
Comme pour Adrienne Mesurat, la fin sera poignante. On aimerait pouvoir la changer...

Babel N°19
Ce qui est merveilleux dans ce petit roman d'une centaine de pages c'est l'analyse époustouflante que fait cette jeune écrivain de  l' amour de cette jeune femme toute simple pour son mari. Et de la montée en puissance de la souffrance qui va avec.




4 commentaires:

  1. 2 titres que je note. Les sujets me plaisent.Bonne soirée.

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    1. J'espère que les textes te plairont. belle soirée à toi aussi.

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  2. Je note ces deux titres, Lison, car je pense qu'ils me plairont à moi aussi. Je te dirai. :-)
    Bisous, et une bonne nuit.

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    1. D'accord, tu me diras .Même si tu n'aimes pas, tu me le dis aussi. Bisous Françoise

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