mardi 9 juillet 2013

Le Français langue étrangère

Voici le texte que j'ai publié dans le journal local nommé "L'Indépendant", 
en forme de pirouette...et d'auto dérision .

Le français, langue étrangère...

Il y a quelques décennies, j'étais une étudiante heureuse d'entrer à la faculté de lettres modernes.
C'était les beaux mots, les belles phrases, les beaux textes des grands auteurs.

 Aujourd'hui, après une carrière dans l' éducation nationale, j'apprends le français langue étrangère.
Parce que l'informatique a fait irruption dans ma vie.




Je découvre une linguistique inconnue, des mots qui me sont étrangers. Certains me sont familiers, mais par la magie de cette technologie nouvelle, me deviennent inconnus. 
Oh, j'imagine sans peine que voilà un siècle, mes ancêtres faisaient le même constat en voyant apparaître « bougie », « cheval vapeur », « carburateur », « pistons » et autres substantifs.







Alors je ne me fais pas trop de souci.
Mais quand même!
Moi qui sais tout juste nager, je découvre stupéfaite que je suis devenue grande sportive en navigant ou en surfant...sans voir la moindre vague!
Je vais sur la toile, alors que pour moi, la toile, c'était ce tissu rayé qui recouvrait les matelas de grand mère ou, mieux, ce joli rectangle blanc sur lequel, par la magie des couleurs et des pinceaux, allait naître une oeuvre d'art!





Et puis, je peux télécharger « en tant que zip »(!!!), "copier une url", avec la même peur que si je devais confondre frein et embrayage. Ensuite, il y a des mots qui me stupéfient et dont je n 'ose demander la signification: « cloud », « android », « l'application », sans oublier les ipod, ipad, iphone, que je mets tous dans le même sac, les « tablettes », les « podcast » etc...qui me replacent avec horreur dans la situation dans laquelle ont du souvent se trouver mes élèves devant mon français classique!

Pourtant...en cherchant bien...il y en a plein, des mots étrangers dans la littérature française qui pourraient être utilisés sans les inventer: il n'y a qu'à les emprunter à Ronsard, La Bruyère ou Balzac, entre autres!



Que ferais je aujourd'hui dans une classe, sans comprendre le sens de tous ces mots?


Mais voyons! Je rajeunis! Je suis vraiment, maintenant, en train d'étudier les lettres modernes!



dimanche 7 juillet 2013

L'heure d'avant le jour...


 Avant propos.

Les textes que je publie dans ce blog sont extraits de mes carnets (clic).
Ils témoignent d’un vécu relatif à une période, à un instant, c’est pourquoi je mets la date. Pour certains, je ne suis plus dans le même état d'esprit.

Ceux qui sont trop personnels ne figureront pas dans ces pages.
Pour les autres, tel celui-ci, rien n’a trop changé…sauf la douleur.

J’ai écrit ce texte alors que la douleur de mon hernie discale me terrassait, accompagnée de celle du sciatique qui s’entendait à lui prêter main forte.

Je ne suis plus dans le temps de la douleur.


……………………………………………

Lundi 11 décembre 2006

  L'heure d'avant le jour



C’est celle que peuvent savourer les pensionnés, les rentiers, les vacanciers, les retraités dont je fais partie. 
Elle est unique, un don qu’accorde le jour pas encore levé à la nuit pas encore achevée. Ce matin, j’ai le grand bonheur de pouvoir en profiter car c’est l’insigne honneur que me fait ma douleur : elle a oublié de se réveiller.
Immobile, je profite de la trêve.
L’horloge du clocher sonne six heures. La comtoise de ma cuisine sonnera juste un peu plus tard ; fantaisiste, elle se plait à retarder le temps… Une fourrure douce vient se loger sur ma main, puis sous ma main. Elle est douce, tiède, épaisse, c’est celle de Basile le Birman.










Ensuite, tous savent que je suis éveillée. Alors, dans l’obscurité de la chambre et le silence de la nuit, des griffes grattent doucement, qui le lit, qui l’armoire. Je réagis au coup de griffe intempestif, celui qui sera ciblé par un impatient. 

A tour de rôle, une fourrure vient me saluer dans le noir, accompagnée d’un son furtif auquel je réponds dans une tonalité que je veux identique.

 La nuit se découpe encore au carreau  de la fenêtre. J’aimerais me lever, ouvrir la vitre, ma ré enfouir sous la couette, et respirer la nuit.
Je n’en fais rien, le charme de l’heure avant le jour serait rompu.
Mon esprit s’évade et replonge en apnée dans un sommeil fragile et incertain dont je  n’ai conscience que lorsque des images le peuplent, qui n’ont rien à voir avec l’heure d’avant le jour.
 Ma douleur continue à dormir. 
Des yeux tous noirs me fixent dans la semi obscurité. Ils attendent mon bon vouloir. Ces yeux ont la béance des estomacs qui leur succèdent. Le carreau se teinte de cette couleur indéfinissable dont on ne sait si c’est du bleu ou du gris, cette couleur de l’heure d’avant le jour. La surprise viendra plus tard..
La douleur s’éveille par ondes, par vagues. Elle ne me lâchera plus jusqu’au soir, quoi que je fasse.
Alors, j’allume la lampe, les yeux reprennent leur couleur : myosotis, lilas, pervenche, émeraude, les estomacs se font pressants, des lois s’imposent par le regard ; il y a une hiérarchie que je respecte dans la mesure où elle s’accompagne de non violence.
Enfin je prononce le mot magique : il met fin à ma quiétude, à mes rêveries, à ma torpeur, il sonne le glas de l’heure d’avant le jour, il excite des milliers de papilles, il met en mouvement des fourrures, : « Croquitos ?? ». On acquiesce des yeux, des oreilles, des moustaches et de la voix…
A peine plus tard, lorsque s’activent les mandibules, j’ouvre la croisée sur un ciel tout bleu, un jardin tout mouillé.



Alors une voix, celle de mon voisin, me dit : « Il faudrait peut être se lever un peu plus tôt, non ? ".


 Une voix qui donnerait presque mauvaise conscience au luxe suprême que la vie enfin m’accorde : savourer l’heure d’avant le jour…                                                                           
                                                               (08 h 37)   



(Photos de l'auteur : Lison )

mercredi 3 juillet 2013

Filles en solo

                                    Les Filles….

Les filles...
Les filles, mes amies filles...
Je n'imaginais pas une seconde que d'elles put me venir une solitude encore plus grande qu'avec les hommes!
Et pourtant...
je n'étais pas au bout de mes surprises!
Dans une amitié féminine, elles se donnent! Une alter égo, c'est le miroir de soi même; il peut faire peur, il peut rassurer. En alternance.
Je n'avais jamais eu d'amies filles et je découvris cette « espèce » très rassurante pour nous les filles.
On rencontre quelqu'un qui vit comme nous, ressent, évalue, étudie, dissèque, anticipe, sombre, rebondit, comme nous.
On croise des vies faites des mêmes angoisses, envies, désirs, peurs, misère, espérance, désarroi, chagrins, révoltes, soumissions, déceptions.
Petites soeurs dans l'amour, la défaite et aussi dans l'art de redresser la tête
Oui, on se comprend: on est dans le domaine des mots qui n'ont pas besoin de la parole pour exprimer les maux ou les joies.
J'ai aimé ces rares petites soeurs qu'il m'a été donné de rencontrer.
Et pourtant... Aujourd'hui, je les laisse volontiers dans leur vie et je reste dans la mienne.
Car ces petites soeurs que je croyais si proches -et elles l'étaient! -sont parties au pays où je ne suis pas.
Elles rencontrent un homme et aussitôt elles se concentrent sur cet amour... au cas où...ce pourrait être différent... ou même le bon... ou même le dernier, pourquoi pas?
Prisonnières de leur désir, de leur corps et de leur coeur, assujetties à leurs attentes, elles ne nous voient plus, nous, celle qui est au bord de la route. Elles ne nous oublient pas, elles nous gardent pour les jours de détresse, de solitude, qui risquent d'arriver.
Et nous, après avoir été abandonnée par l'homme, c'est la femme qui nous oublie. Peut être un deuil plus difficile et douloureux à faire? Car s'il est bien d'une personne dont on ne se défie pas, dont on ne se méfie pas, c'est bien d'elle, une femme, une amie, notre amie.
Et pourtant, qu'un homme entre dans sa vie, et elle est toute tournée vers lui, dévouée, corps et âme, à être la servante du dieu fait homme. Son homme. Ni plus clair ni plus fiable qu'un autre. Oui, mais celui-ci, c'est LE SIEN!
Envolée l'amie, oubliée la petite soeur de misère: on vogue, fétu de paille sur l'océan d'un amour tout neuf.
Elles m'ont déçue, ces filles, tellement que si je suis encore prête à rencontrer un homme, certainement pas une femme!
Je crois les hommes moins décevants car d'entrée le cahier des charges du modèle unique est annoncé. Oui, modèle unique , le reste, l'enveloppe, différemment élaboré.


Frederick Leighton
Solitude

                                                                                              7 avril 2011