dimanche 29 juin 2014

Quelques notes cuivrées

Cela se passait au concert de fin d'année d'une belle association dans laquelle je me plais à venir. Elle a pour nom "Altaïr".




Cette année le concert avait lieu en l' église Saint saturnin de mon village natal.











Le temps d' antan












J'étais heureuse de penser que mon père qui dort juste à côté de l'église, au milieu de son jardin fleuri, entendrait la musique, lui qui, jeune, animait tous les bals de village pour une jeunesse insouciante. Au son de son accordéon.


L'accordéoniste
à 17 ans













Allez, à présent : MUSIQUE !

Un petit tour de clé 




 et les portes vont s'ouvrir sur les notes.




Nous sommes invités à pénétrer dans l'antre sacré. Belle invitation...




C'est Gabriel, notre Ange (sans ailes, elles sont tombées depuis longtemps), qui va présenter tout au long du concert les différents moments. Gabriel possède la clé des mots, avec une verve éblouissante et un humour à faire des envieux : oui du talent, tout simplement.






Pour les mélomanes

















Dans la petite église à l'acoustique parfaite, même les saints statufiés sont sous le charme.

Alors laissons parler la musique....




















Mais oui, tout à une fin...c'est sur  "ce n'est qu'un au revoir" que le Quatuor de cuivres de Théza





"envole" ses dernières notes....







lundi 23 juin 2014

Le bonheur

Après la mélancolie de la vieillesse (billet précédent), laissons nous aller au bonheur...

Le bonheur est multicolore pour moi.
Il ne porte ni le prénom d'un homme ni celui d'un enfant.
Il porte celui de mes chats.
Mais pas ici...dans ce cirque de montagnes.





Ici, il porte la chaleur de ce soleil brûlant de début d'été et la fraîcheur d'un vent léger qui se glisse entre mes épaules.
Il porte la plénitude de ce bain de soleil, sur la dalle granitique où je me dore.
Il porte la grandeur de cette solitude  qui me sied, immense et précieuse, une goutte d'or dans la vie.
Il est ce chant de l'eau fait de murmures, de "glouglous", de rumeur sourde vers l'aval.
Il est ces couleurs et ces reliefs que je vois sous la surface mouvante et pressée du ruisseau, en ces vols de papillons et chants d'oiseaux.











Il est en ces fleurs qui sont la parure printanière de la montagne, éphémère tenue de gala.




Il est dans cette herbe fine que foulent mes pieds nus, en ces insectes qui courent sur la page de mon cahier et qui bourdonnent autour de ma tête sans m'inquiéter.
Il est...mais partout, il est, puisque je le porte en moi.
Il y a simplement des lieux et des moments qui le subliment.
Il disparaît parfois sous les griffures et les morsures de la vie, dans des gouffres de détresse ou d'humeur chagrine.
Mais il revient, sans cesse et il est aussi dans le bonheur de le retrouver.

Il est peut être tel parce qu'il ne porte ni le prénom d'un homme ni celui d'enfants?

Alors il s'épanouit dans des instants d'une telle simplicité qu'il peut en paraître indécent, ou trop simple.Ou ridicule.

Il est fait de ce que j'ai su faire de ma nouvelle vie.

Il peut à n'importe quel moment être à la merci d'un trouble fête, je le sais aussi.



C'est pour cela qu'il est cadeau.....




Ecrit le 22 juin 2014 à la coume de Clot Rodon (altitude 2257 m)

vendredi 20 juin 2014

La vieillesse...

Je viens vous voir, parfois, dans ce petit appartement où vous êtes seule maintenant.
J'y viens depuis si longtemps.
J'étais une toute jeune fille. Il y a ...il y a combien ? Plus de quarante ans déjà.

Vous étiez alors une jeune femme encore, altière, belle, souriante parfois, je me souviens...
Un petit appartement tout neuf. Peinture fraîche, vieux meubles dépareillés.




Le temps a passé...Années lumière, années poussière...
Je vous retrouve, toujours là.
Le petit appartement n'a pas changé. Si : les rideaux, le frigo, la télé, remplacés et immuables, assignés à résidence à la même place.
La table, peut être, identique mais pas la même.
Les toiles cirées se sont succédé au fil des ans, bariolées, évoquant en mes souvenirs des arbres, des objets culinaires, des paysages, des animaux, que sais-je?

On n'y prête guère attention et un jour, cela devient vide, lacune, absence.
Rien n'a changé : un objet est mort, un autre a pris sa place. Discrètement.
Personne n'a pris votre place. Le temps vous a usée, le temps ne vous a pas changée. Les cheveux ont blanchi, le visage s'est ridé, le sourire s'en est allé.
Le corps s'est amenuisé, tassé, effrité.
Ce qui me manque, en vous, c'est le sourire.
Jamais vous ne me souriez. Je vous parle, je vous ennuie.
J'ai envie de vous parler et vous n'avez aucune envie de m'entendre.
Je m'obstine, je vous ennuie, je sais que je vous ennuie, je vois que je vous ennuie et malgré tout je m'obstine.
Je m'en veux, je vous en veux, mais c'est plus fort que moi.
Vous vivez seule à présent...
  Moi aussi je vis seule.
Mon présent n'est pas le vôtre.
Un présent de vous -un cadeau, veux je dire - serait un sourire, une parole, une porte ouverte...
Je ne sais pas si vous m'aimez, je ne l'ai jamais su.
Ni si vous ne m'aimez pas... Je ne le saurai jamais...


Je voudrais vous demander, je ne le peux pas.
Je voudrais savoir, je n'ose pas.
Je voudrais vous dire, les mots ne sortent pas.
Je vous parle de tout. Sauf de l'essentiel.
Et quand je vous quitte, il me manque l'essentiel.
Vous êtes seule à présent et ni moi, ni les autres ne pouvons rien à cela, ne comblons en rien ce manque, cette absence.
Vous êtes infirme et nous sommes impuissants.
Je le ressens d'autant plus que je suis seule; les autres, ceux qui viennent, ils ont leur vie, partagée avec leurs proches.
Moi, je suis seule, vous êtes ma plus proche, la plus lointaine de tous.
Souvent, quand je suis là, vous me chassez, à votre manière, me renvoyant à mes devoirs, ou à mon travail, loin de vous.
Je pars sans un mot, blessée.
Ou alors, vous me tolérez, à quel prix!
 La télévision meuble votre solitude.Vous ne coupez pas le son : c'est important, bien plus que moi, pensez donc! Ce sont les jeux!
Pour vous disculper, car tout de même  vous en êtes consciente, vous dites : " Aujourd'hui, il joue pour 40 mille euros"
Euros qui ne vous font pas rêver, vous qui n'avez envie de rien.
Ou bien "c'est sa cinquième victoire..." !
Mais qui justifient, vu la somme, ou l'enjeu, l'attention que vous leur prêtez.





Le slam, les millions à gagner, les questions pour un champion, que sais je ? Je m'en désintéresse. Je n'y connais rien; c'est vous qui m'intéressez.
Vous qui me signifiez poliment et joliment  que je ne vous intéresse pas.
Pis, que que je vous dérange!
Si la télévision est éteinte, j'ai un espoir.
Insensé, immense, dérisoire, grotesque.
Votre regard encore vif interroge la comtoise, à intervalles, objet implacable qui va décider " voyons, qu'est ce qu'ils vont faire aujourd'hui ? Gagner? Rejouer ?"
Et votre main crochue mais preste va appuyer sur le bouton qui animera l'écran, avec un présentateur au sourire éblouissant, des candidats qui... qui par là même me réduiront au silence.
Si je m'obstine à raconter quelque chose, vous coupez le son, essayant de deviner, malgré tout, votre regard traversant mes mots sans les entendre.
Alors, vaincue, je me lève et je m'en vais, tournant le dos à votre soulagement.


Parfois, excédée, vous m'intimez l'ordre de me taire.
Selon l'heure. Quand les jeux ne peuvent jouer les médiateurs entre vous et moi.
Quand rien ne vous sert d'intermédiaire salvateur.
C'est là où vous pouvez devenir tranchante, blessante, humiliante.


C'est là que je peux entrevoir, à travers votre vieillesse, celle, solitaire qui m'attend...










lundi 16 juin 2014

Bulle de lune

Je ressemble à cette bulle de lune qui caresse la montagne, qui s'accroche à elle 
comme pour ne pas s'envoler.



Bulle de lune...
Je suis toujours dans la lune...

Je vis toujours dans ma bulle...

"Tu ne penses jamais à rien...!" dit ma mère.
"Tu ne te souviens jamais de rien..Tu ne fais attention à rien..." me répète t'elle à l'envi.
Rien, rien, rien...
Alors que, dans ma bulle, je "ne coince jamais la bulle". Elle est toujours pleine, ma bulle de lune.
Et si je suis dans la lune, ma Mère, c'est parce qu'elle est pleine, ma bulle, ma lune, ma tête : pleine de projets, de rêves, d'envies, de vie.

Qui volent comme des bulles de savon.

Qui s'épanouissent en bouquets

Des bouquets d'idées, multicolores...












Qui volent, gracieux, au vent léger...Aériens, éphémères, toujours renouvelés dans leur invisible vase.

















Ma bulle de lune, elle est pleine de vie et d'envies, et de joie, et ...et...de tout...
Elle fourmille, ma chère Mère, et vous n'y comprendrez jamais rien...
"Tu n'as rien dans la tête!"....
Peut être...Peut être n'y a t'il pas ce qu'il faudrait qu'il y eût?
De manière classique, académique, pragmatique...
Eh bien non, tant pis...
Tant pis pour qui ?




Pas pour moi, dont la bulle de lune est tellement bucolique...Magique...



Fut elle encore longtemps pleine, ma bulle de lune...
Et que longtemps encore la vie me protège de cela !




Ecrit à Saillagouse (66) le 16 juin 2014


Un jour, je ne serai plus là, peut être partirai-je vers la lune par un beau soir comme celui-ci...?
Juste par un joli puits de lumière montant vers le ciel que je tutoie sur les sommets 
de "mes "montagnes...

Environs de Saillagouse 14 juin 2014
A la rencontre de la lune....?




mercredi 4 juin 2014

Le conférencier et la musique

Il est venu nous raconter, nous faire vibrer, nous subjuguer : ce ne sont pas de vains mots.
Pendant sa prestation il a été applaudi, à la fin les auditeurs se sont levés.


Pendant toute sa conférence -j'hésite à employer ce mot parce que c'est plutôt à un voyage qu'il nous a conviés - , les spectateurs avaient en permanence un sourire aux lèvres.
Même la vieille dame qui  souriait tout en pleurant d'émotion.
Il y avait des mains qui battaient la mesure, d'autres qui jouaient sur les touches d'un piano imaginaire.
Moi je fermais les yeux...pas toujours puisque j'ai vu tout cela.

Lui, c'est Jean Claude, souvenez vous...(clic)




Jean Claude a la musique dans la peau, depuis le berceau...Tout jeune, il faisait baigner sa famille dans la musique , au son de son Teppaz protégé par un tissu et tout le monde se figeait; maman, les mains trempées par la vaisselle, papa, respectueux de cet enfant, lui qui avait les mains calleuses de travailleur manuel, et puis les autres enfants qu'il a charmés puisque du haut de leur âge respectable ils le suivent toujours dans ses prestations. Et vibrent avec lui. encore...des décennies après.
Car Jean Claude, il vibre : ses mains, ses bras, son corps sont dans la musique. Ils dansent, ils accompagnent, ils suggèrent, ils nous invitent à un singulier voyage.


Photos France Priet


C'était,  ce jour, la musique descriptive.

Décrivant quoi?
 Les orages et tempêtes, le calme, le silence, le mouvement, les animaux, les émotions, les combats, la chasse, les cloches, les danses, pour ne citer que cela.
Il nous a d'abord, très pédagogiquement mais comme on raconte une histoire à un enfant ébloui, initiés .
En prélude à son voyage.
Il y a , nous expliqua t'il, trois modes d'expression en musique:
- le mode instrumental,  (exemple le cor d'harmonie, morceau choisi à l'appui)
- le mode orchestral (Rossini, dans le Barbier de Séville, à 22 ans nous conte un violent orage ) et
-  le mode vocal, écoutons donc le défilé des soldats dans l'acte IV du Faust de Gounod. Ce qui faillit devenir notre hymne national, soit dit en passant.
Oui car Jean Claude a une histoire à conter à propos de tout.

Alors nous avons pu commencer le fabuleux voyage au pays des sons, des émotions, des sensations.
Nous sommes allés , en paroles et musiques, à la rencontre de Vivaldi et ses 4 saisons, un incontournable, chez qui on a pu découvrir ce qu'on n'avait jamais entendu: le chant des oiseaux au violon, l'abondance des récoltes et la joie, le calme du retour au foyer en hiver....
Justement les sports d'hiver furent évoqués avec un Giaccomo Meyerber, Léopold Mozart ou Emile Waldteufel. Jean Claude tenait particulièrement à nous faire rencontrer des musiciens peu connus.
La danse à laquelle nous convièrent Pontielli (danse des heures) , Khatchaturian (la danse du sabre), ou Lortzing (danse des sabots) nous offrit un nouveau visage loin des classiques et merveilleuses valses de Vienne. Hors des sentiers battus...
Et puis les animaux ! Avec St Saens, on vit le cygne glisser sur l'eau, Daniel Alomia Robles nous entraîna au Pérou à 5000m d'altitude voler avec le condor, quant à Yoska Nemeth, il nous offrit une magnifique prestation d'alouette (le Prince des Tziganes).
On a ri avec Rossini et son inimitable "duo des chats" (vocal), et on a volé avec l'insupportable bourdon de Rimski Korsakov.

Les sentiments délicats, joyeux ou douloureux, nous ont fait cotoyer Chopin, Czibulka, Beethoven, Massenet : tristesse, rêverie, déception amoureuse, peur de la mort. Pour cet extrait, Jean Claude avait choisi une interprétation de piano et violon, un authentique Stadivarius de 1721, dans l' Acte de II de Thaïs de Jules Massenet.

Nous, on aurait écouté pendant des heures:

 de découverte en re-connaissance, le temps coulait comme ces pendules de Pontielli.
Mais déjà on était transporté sur "Un marché persan", à l'amble des chameaux de cette caravane qui arrive, enfle, passe et s'éloigne avec majesté...(clic). 
De Albert W Ketelbey.




Il fallait bien conclure ce somptueux voyage, tout comme cette caravane, passer et s'éloigner hors de ce moment magique; c'est Sissi et François Joseph qui nous y aidèrent, dernier morceau choisi de Suppé.
Au son de cette "Cavalerie légère" (clic)

Jean Claude nous a entr'ouvert les portes de son monde; il ne nous a pas livré les clefs de son fabuleux univers, juste ouvert les portes de sa connaissance, de ses souvenirs, en toute simplicité, tel qu'il l'est au quotidien.
Il retournait dans le monde de son enfance, il revivait ce moment où il a fait écouter cette alouette à son père.
Et où la musique a parlé à cet homme aux rudes mains de travailleur.

Offrons nous le luxe d'écouter, un instant, cette alouette née de l'archet d'un violon (clic)

Moi, en partant, j'étais comme cette alouette....

image internet