Je suis bavarde.
Mijanes Ariège |
Hameau de Silence, Lavelanet, Ariège |
Apparemment c'est un défaut. Bon je ne suis pas une bavarde qui raconte n'importe quoi, ni une bavarde médisante, ni une bavarde qui parle pour ne rien dire, en général.
Mais je parle, je m'exprime. J'aime raconter, avec humour, autodérision souvent, avec passion bien sûr.
Je crois que dans le ventre de ma mère je devais déjà émettre des borborygmes !
Je ne sais quand je commençai à indisposer ma famille par mon verbiage, je ne m'en souviens pas, mais je sais que je le fis : on ne me supportait pas. Mon "petit" frère me le rappelle parfois, lui qui parle si peu. Bien sûr c'est normal, j'ai pris toute la place.
Plus tard on me reprocha de saouler la famille; j'étais déjà enseignante, j'ajoutai une tare à la première puisque les enseignants sont bavards. Leur métier les oblige à parler même quand ils n'en ont pas envie, et, pire encore,à répéter ce dont ils se passeraient bien.
Alors, lorsque j'aidais la famille aux récoltes, on me reprochait de parler. Je collai un walkman ( c'était l'époque de cet engin voué aux oubliettes) à mes oreilles pour garantir la quiétude de celles d'autrui.
Aujourd'hui je vis seule, je cultive la solitude donc le silence forcé.
Je randonne seule, je voyage seule, je travaille seule et je parle à mes chats, eux adorent ça, je le vois et finalement c'est à eux que je préfère parler.
Je parle aux vivants qui me cotoient, (je parle trop), je parle aux morts que j'aimais (je ne leur parle pas assez), je parle aux vignes, aux plantes, aux roches et aux montagnes. Tant pis si on me surprend, à présent -fort heureusement- parler tout seul n'est plus signe de folie, mais de normalité, avec les kits téléphone mains libres c'est une routine : ouf !!
Pourtant...un jour, au début de mon célibat forcé, puis forcené, mes parents dirent à la jeune senior que j'étais : "Si un jour tu rencontres un homme, tais toi !!". Cela me parut si stupide, incongru et inquiétant, surtout effrayant, que je me tus radicalement et n'osai poser la question qui me taraudait : "Pourquoi ???".
16 ans après je n'ai toujours pas la réponse, bien que je leur aie posé la question plus tard. Mais ils ne savaient plus.
Je fis des rencontres et je n'eus même pas à me forcer à me taire; ces messieurs ou ces dames étaient TOUS bien plus bavards que moi, et je ne pouvais "en placer une".
Finalement je préférais ma vie de silence.
Aujourd'hui, je suis une handicapée de la parole.
Je parle, certes, mais j'ai toujours peur de dire quelque chose de travers, ou qui soit mal interprété, ou qui peine, blesse et heurte, ou qui contienne des sous entendus que je ne mets pas, ou qui donne une fausse image de moi, et après une journée passée en compagnie, je dors mal, je stresse ou me réveille en pleine nuit dévorée par l'angoisse, la honte de m'être livrée, la culpabilité d'avoir peut être heurté : quelle galère !
Alors que faire ?
Peut être la solution ? |
Ecrire...
Mais on m'a tellement dit : "N'écris pas !!!"
Heureusement il me reste la solitude, la terre, les roches, les chats, les routes et...moi, mon inconditionnel auditeur!
Quand je pense que dans ma vie j'ai tant de fois dit et répété : "Tais toi ! " ou "Taisez vous!"...à mes élèves....Je le regrette presque.
Annexe : quelques mots
Bavard = xerraire en catalan, parlanchin en espagnol, falador en portugais et...loquace en italien!
Mais comment ai-je pu rater ce passage Amédine personnellement je ne me lasserais pas de t'écouter, ce que tu dis est toujours si intéressant et enrichissant, ta compagnie est des plus agréable, et pourtant qui sait combien je suis susceptible, enfin je t'aime beaucoup j'aime ce que tu dis et ce que tu écris, donc ne change pas, de toute façon c'est trop tard ;) j'adore tes photos. Affectueusement Chris
RépondreSupprimerMDR ! Merci de tes compliments chaleureux que je sais sincères. Tu avais raté l'article ? Je n'ai pas parlé assez fort...hihi..bisous
SupprimerMoi je trouve que c'est un art d'être bavard ; je n'aime pas être dans des groupes , en société , car je ne sais jamais engager une conversation , ni trop l'alimenter d'ailleurs ! Vivre avec un taiseux et seule dans la région ne m'a pas aidé et je fuis les réunions. Alors j'admire les bavards qui ont quelque chose à dire d'intéressant ! bisous
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