dimanche 8 avril 2018

Balade aérienne dans les corniches de la Jonte (Lozère)

Balade aérienne en corniches (La Jonte, Lozère)

En ce week end Pascal, je n'ai envie ni de neige, ni de montagne ni de randonnées, juste  revoir une région chère en mon coeur, le Causses et plus particulièrement les Gorges du Tarn. C'est parti pour plus de 500 km de route aller retour, avec mon camion, et mon chat . Mathurin est du voyage, Nina a élégamment refusé.
Grand chat a donc tout l'espace pour lui, en particulier mes cuisses lieu privilégié pour la route.
et moi j'ai tout mon temps à lui consacrer...du moins je le croyais...mais il racontera lui même son voyage!

C'était sans compter avec ma maudite curiosité!
Qui me pousse à interroger un groupe de randonneurs...et me voilà partie sinon vers les cimes, du moins au dessus des abîmes. De la Jonte et non du Tarn.

Le décor


Situation du Parc Régional des Grands Causses

Quand on était enfants on nous disait "l'accent circonflexe des cimes est tombé dans l'abîme"...je ne suis tombée nulle part, mieux valait...
Allez suivez moi !
En ce jour 2, après une nuit dans un hameau du Causse, en belle altitude quand même  et avec 3 petits degrés dans ma chambre, je file bon train à travers le Causse endormi jusqu'au hameau de Cassagnes, point de départ de ma rando.

Route de Cassagnes
Cela commence par une route en forêt, puis le parking où je dépose camion et chat enroulé dans une polaire. Cassagnes  dort encore et je m'enfonce en forêt pour une balade à l'envers : et oui, une rando qui commence parune belle descente, cela est nouveau !



La forêt, figée dans le froid et le silence me plait, aucun animal ne viendra me saluer, les longues rangées de pins sont silencieuses. La piste forestière se termine en un sentier qui ouvre sur le décor du jour. Gris et terne, dommage, je sais le flamboiement des couleurs ici...

A la sortie du sentier le décor: vallée de la Jonte vers l'amont


Village de Le Truel (quelque part sur la photo ci dessus) au zoom

Le sentier est odorant car bordé de buis : on est en roche calcaire.
Des pins, des chênes, des genévriers font l'essentiel du boisement. Beaucoup de mousses et de lichens, quelques premières fleurs. Le printemps quoique maussade montre sa force.






Je suis en rive droite de la Jonte dont le filet gris est encore silencieux, 350 m plus bas. Sur l'autre rive le paysage est identique à celui que je parcours.



Rive droite (1er plan) et gauche (2nd )
entre les deux coule la Jonte
et passe la route



Un aspect du décor, sur l'autre rive


Voyez d'une façon générale ce qu'est le Causse, plus parlant que toutes mes phrases.




Extrait d'une de mes conférences
Ici vallée de la Vis

Je préciserai juste que ce vaste plateau tabulaire de roche sédimentaire, ancien fond marin (il y a 200 millions d'années) s'est soulevé voilà plus de 100 millions d'années, ce qui signifie que les rivières , depuis, creusent lentement leur lit dans ce relief . On voit 350 mètres de géologie mise à nu, il y a selon les géologues de 1km à 1.5 km de roche sous le sol du Causse.
Les rivières sont Le Tarn, ses affluents la Jonte et la Dourbie, ainsi que la Vis affluent de l' Hérault. Chacune d'elles coule dans ce type de relief, décor identique mais personnalité propre à chacune.
Nous voici sur les hauteurs de la Jonte, 38 km de longueur.



Le décor sommairement campé, poursuivons notre chemin : il sera silencieux, dans un matin froid, humide, envoûtant.

La pierre est à elle seule un paysage, avec ses couleurs variées selon les ruissellements d'eaux et la nature des sols, et surtout, ses formes que l'on peut, de loin , confondre avec des ruines et des châteaux. Paysage qui fait bondir l'imaginaire..



Mouvements de roche

Des vaisseaux fantômes, des tours crénelées, des draperies, des grottes, des cavernes, des ponts et des arches...et d'autres encore ...chacun y voit ce qu'il veut.

Comme un vaisseau




Passage protégé

Au fond village du Rozier

Parfois il faut grimper de petits couloirs fort raides


Montée dans un couloir



Sous une arche, ou la femme des cavernes
Même si la randonnée n'est pas particulièrement physique, elle demande un pied sûr, pas de vertige, le goût de la fantaisie. Une certaine curiosité...
C'est un site protégé: le royaume des vautours. Habitués à l'humain, inaccessibles, ils ne sont nullement inquiets et peuvent même s'offrir le luxe de contempler les grimpeurs montant vers le ciel.

Petit cercle rouge, le grimpeur
Voie "arête ouest", 6a


Je ne me lasse ni du décor, ni des vautours, ni de ces antres mystérieux que chaque détour du sentier dévoile.




Sans vertige aucun je me penche sur des vides impressionnants, curieusement c'est ce que j'ai au dessus de la tête qui m'impressionne le plus. Pas les vautours mais d'énormes rochers aux formes inquiétantes.


Site d'escalade
Au dessus c'est pas mieux : on l'oublie, il se rappelle à nous, ce décor incertain : voilà 6 ans un pan entier de montagne  s'est effondré...
Gisant presque sur le chemin,
 des randonneurs eussent été épargnés

Pan de rocher effondré : novembre 2012





















Le sentier s'anime : deux cyclistes TRES sportifs, les premiers randonneurs, les grimpeurs et ce drôle de personnage qui au bout d'un sentier interdit est allongé  dans son sac de couchage , sur un éperon fendant la mer (de vide) , lisant Aldous Huxley (en espagnol) après une nuit des plus paisibles 300 m au dessus de son lit (fourgon aménagé). Un farfelu de mon espèce. Mi néerlandais, mi espagnol, il exerce en Lozère son métier de kiné et dort dangereusement! Alors que les vautours tournoient au dessus de son lit .



Le dormeur des corniches dans son décor 























Le sentier, si je le continuais, fait une boucle, rejoint Le Rozier, confluent de la Jonte et du Tarn et revient vers Cassagnes par la corniche du Tarn.

Le Rozier

Passage protégé

Mais mon Mathurin m'attend, je choisis donc le demi tour, en n'omettant aucune des bifurcations du sentier vers des lieux "interdits" car dangereux.



Hors sentier : hauteur sous plafond





Le ciel ne s'est pas dégagé mais la vie a commencé, discrète et feutrée: les touristes sur la route, les villages et leurs fumées, des randonneurs, les grimpeurs qui peuvent prêter à des scènes cocasses: une main qui jaillit de nulle part au plus près de mes pieds, puis un casque et un sourire éclairé par des yeux bleus...
Surgi à mes pieds !


Les miens, d'yeux, se repaissent du décor: j'aime bien revenir par le même sentier car le paysage semble renouvelé vu dans l'autre sens; cela n'engendre pas la monotonie.




Ainsi, les arbres, façonnés par un fantaisiste jardinier, sont à eux seuls un paysage !







Je marche d'un bon train vers Mathurin; je l'aurai quand même abandonné 4 h !

Réprobateur ?
Je retrouve un grand chat paisible mais il a eu peur : il a ouvert la penderie, viré mes affaires et s'est caché dans les étagères. Un peu de pâté de lièvre le réconciliera avec les aléas du voyage !

Quant à moi, je vous invite à d'autres aventures "caussenardes" dans le prochain épisode...





En chiffres : environ 10 km des rando AR

2 commentaires:

  1. Superbe récit et photos qui donnent le vertige ! Très bien écrit. On peut suivre l'héroïne pas en pas..enfin grâce au récit..car je serais incapable de suivre....et l'on se régale de vues imprenables, d'anecdotes comiques entre autre (une main qui surgit à mes pieds..) et la dame en sourit ! Un chat qui "joue" dans un placard..en attendant le retour de son Serviteur, greffier du temps de la balade. Bravo et merci pour ces quelques minutes qui transportent le lecteur sur ces sentiers de montagnes que je n'oserais pas affronter au réel !!! Gracies senyora ! ASP

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    1. Merci de ton passage en blog sinon en corniches: mon souhait est de rêver et de faire rêver, pari gagné. Un jour, cher ASP, je ne pourrai plus, hélas, je mesure ma chance et je la fais partager aux moins chanceux qui ont envie de découverte aussi. Après, l'humour il est toujours dans mon sac à dos ! Je me marre un peu partout, quoi, mais je suis un peu bébête, un rien m'amuse. Bisous, bonne journée

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