vendredi 9 décembre 2016

Un sourire pour l'éternité

Il avait l'âme vagabonde et l'existence sédentaire.



2007 : il m'accompagne à la Seyne s/mer
me faire soigner le dos
Parfois il me confiait, quand j'étais plus jeune et que je n'avais pas l'âme aussi vagabonde qu'aujourd'hui : "Je me verrais bien parcourir les routes vêtu d'un grand manteau et un bâton à la main..."Je prenais ça pour une boutade et j'en riais; je n'ai jamais approfondi ni posé des questions, on n'imagine pas son père, doté d'une existence stable et heureuse, pleinement épanoui dans ses vignes , s'amusant même dans son travail qu'il rendait poétique et original, on n'imagine donc pas son père sur les routes, vêtu d'un grand manteau, les cheveux au vent, une gibecière sur l'épaule et pourquoi pas ? le litron à la main !




1951: la famille est fondée, je suis
 déjà
au guidon

1945 USA Alhabama
Vagabond il ne l'avait jamais été mais n'avait pas hésité à 20 ans, en pleine guerre, à filer aux Etats Unis pour voler de ses propres ailes, au sens propre, devenir pilote et se joindre aux forces devant libérer la France.


Audacieux et téméraire. Epris de Justice et de Liberté. Mais fortement ancré dans sa terre qu'il s'employa à travailler et cultiver sitôt revenu de son rêve américain. Et fonder une famille dans la foulée.

C'était un homme sage mais son esprit était facétieux, créatif, inventif: son évasion et ses vagabondages à lui. Il créait des machines et modifiait celles qu'il achetait. Son esprit vagabondait sans cesse. Il souriait toujours...au présent ? Ou à ses rêves...


La cueillette des cerises: il se marre même
dans "l'accident"

On ne connaît jamais assez ses parents...
J'aurais aimé lui dire...lui demander...pousser davantage cette porte sur laquelle s'ouvrait cette image : un homme courant les routes un baluchon à l'épaule et un bâton à la main.


Le cadre de son décès : il a gardé la bêche à la main
et avait posé sa casquette sur le tronc d'arbre

(DCD d'une crise cardiaque)

Une boutade sans nul doute, mais qui cachait une part de vérité, de rêves enfouis et un désir d'évasion.
Sans doute aussi, parfois, las ou épuisé de travail, voyait il là son repos.

Comme d'autres rêvent d'un transat au bord d'une piscine.
Il ne voyait pas le repos dans la contemplation, il ne le voyait que dans l'action.

75 ans :Mon père se repose : mais oui
Il appelait cela "les travaux imbéciles"
(ceux qui étaient moins utiles)

Alors le transat et la piscine...Non marcher l'eut reposé de son travail et des soucis afférents à la vie paysanne.
Peut être en travaillant les vignes marchait il dans sa tête ?


Son travail la veille de sa mort (86 ans)


J'aimerais tant savoir ce qui se cachait derrière cette boutade..
Il m'aide à préparer ma vie semi nomade
2007
Un jour, peut être, quand je le rejoindrai, me le racontera t'il car je penserai alors à le lui demander.
Si personne ne se met entre nous pour couper court aux confidences.



Il doit apprécier ma vie, celle que je me suis construite pas à pas depuis dix ans, mon nomadisme à moi qui lui ressemblais tant. Il doit bien être le seul, dans mon entourage à la considérer d'un regard positif. Comme le fait mon frère toutefois.

Un jour je lui demanderai. S'il s'en souvient encore, là haut, lui qui vagabonde peut être d'un bout à l'autre du ciel et qui pousse les nuages, comme je croyais, quand j'étais petite, que c'étaient les morts qui orchestraient la course des nuages....



Aujourd'hui, dans son cadre de porcelaine, il sourit pour l'éternité. Et quand je vais le voir, je ne le quitte jamais sans un salut enjoué, puisqu'il est enjoué dans son cadre ovale, comme il le fut de son vivant.




8 commentaires:

  1. Bonsoir ... Un très bel hommage rendu à ton Papa !!!
    Douce soirée, bisous et câlins

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    1. Merci Miss, beau week end à toi dans tes oeuvres d'art

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  3. Un très très bel hommage que tu rends à ton papa, Amédine.
    C'est vrai que l'on a parfois du mal à imaginer que nos parents aient peut-être eu eux aussi des rêves, des rêves qu'ils n'ont jamais réalisés. Je pense que tu dois beaucoup ressembler à ton papa. Et je suis sûre aussi qu'il doit être fier de toi. :-)
    Gros bisous, Amédine, et merci pour ce partage.

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  4. Je n'ai connu ton père que de vu et donc je ne le connaissais pas mais je ressentais un trait de sa personnalité que je n'avais pas cherché à trop définir et tu viens de me donner ce qualificatif : "facétieux" c'est exactement cela. Amour filial, amour paternel, tout est dit

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    1. Donc cher(e) Anonyme nous nous connaissons...De initiales m'aideraient...

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    2. Je ne me cache pas, si j'écris de façon "anonyme" c'est parce que je ne maîtrise pas cette technologie et que j'oublie de "signer " ne cherche plus cette inconnue : Fifi

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    3. Je me doutais bien que c'était toi c'est pourquoi j'ai insisté. Tu me manques chère Fifi

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