Préambule :
Je fais partie d'un groupe d'écriture "Les mots ont la parole", dans une petite ville proche : Le Boulou.66
Une fois par mois, un thème, choisi par le groupe, est prétexte à écrire un texte.
Le sujet de ce jour là était "Les armoires de famille".
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Je dédie ce texte à Jean Michel J
Sur des images du Cantal, été 2010, ...
Parce que je n'ai pas de photos d'armoires et
qu'en cherchant dans mes archives j'ai revu
avec bonheur ce petit voyage
Les armoires de famille : s’il est bien un thème qui ne
m’inspire pas, c’est celui-ci. Je sais ce n’est pas le premier ! Il ne me
vient à l’idée que le titre d’ Annie Ernaux, son premier roman, « Les
armoires vides ». Et en plus elles sont vides…
J’ai beau tourmenter mon cerveau, pas un souvenir d’armoires
ne me revient, et ce, depuis qu’on a fixé ce thème. Alors j’ai imaginé inventer
une armoire, avec des souvenirs d’autres armoires issues d’ailleurs que dans ma
famille. J’ouvrirais les portes de merisier ou de noyer massifs et un monde de
draps empesés, bien rangés, blancs ou écrus, tissés de ce fil ou de ce lin qui
les rendaient pesants et imposants m’enverrait son parfum au visage. Des draps
ornés de jours et de broderies patiemment et artistiquement construits point par point par une demoiselle
du temps jadis. Je pourrais loger entre ces draps des sachets de lavande
décolorée. Les étagères seraient ornées de dentelles courant sur leur longueur
et les tiroirs regorgeraient de bijoux, vieilles montres, petits carnets,
petites boites et photos. Même entre les piles de draps pourraient dormir des
billets de banque, soigneusement et illusoirement cachés.
Bien sûr ces imposantes armoires cacheraient comme au temps
d’antan sous leur ventre une paire de valises, dont la mortuaire, et sur leur
toit, à près de trois mètres de haut, derrière la lourde corniche, le fusil
familial.
Mais je n’ai pas envie d’inventer.
Je pourrais décrire les armoires Louis XV de ma belle-famille, aux pattes torses et coquilles sculptées que je n’aimais pas ; mais elles ne sont pas mon passé.
Je pourrais aussi parler de ces armoires d’aujourd’hui sur lesquelles on se penche à quatre pattes, devant une armée de planches découpées et percées, une notice dans une main et un tournevis cruciforme dans l’autre, sachant d’avance qu’au bout du compte quelques écrous et pointes iront rejoindre la boite « petite quincaillerie » dans mes étagères de bricoleuse. Armoires vides d’âme qui ne seront pas miennes.
Pourtant me reviennent sans cesse ces vastes placards
remplaçant les armoires, qui habillaient de grandes portes sombres un pan de
mur entier, portes sur lesquelles à la faveur des nervures du bois et de leur
absorption de la couleur et du vernis je lisais des histoires de paysages
grandioses, de forêts, de routes , de montagnes quand ce n’était pas un
bestiaire qui apparaissait figé pour l’éternité. Mais on ne me demande pas de
parler de placards ; mes armoires seraient elles rangées au placard ?
Curieusement, c’est au moment où je n’y pense pas, au volant
de ma voiture que je ressens un souvenir ; il s’insinue dans ma main
droite et j’éprouve le toucher, le ressenti , la vue et même le bruit d’une
petite clé qui tourne dans une serrure bancale. Stupéfaite, je vois se dessiner
autour de cette clé un tiroir que j’ouvre mais dont je ne vois pas le
contenu ; par contre je saisis le toucher, le bruit et la teinte de ce
tiroir. Je ne perds pas de vue la route mais une étagère le surmonte, où sont
alignés par couleur des livres de la bibliothèque rose, puis verte et enfin
rouge et or. Mais c’est…bien sûr !...mon armoire d’adolescente, dans ma
petite chambre sous les toits, au plafond bas donc une armoire proportionnée à
cette pièce et à ma taille. Il y a des vêtements pliés sur les étagères , des couvertures sans
doute aussi. Et me reviennent ces deux portes noires, sombres et légères à la
fois car cette armoire sans la moindre valeur était de bois léger, qui fut
blanc et devint couleur paille, de peuplier peut être avant que d’être
noire pour l’éternité? Qu’est devenue cette armoire ? Elle a fini de beaux
jours sans doute dans un hangar agricole comme il était souvent de mise. Mais
je sais maintenant ce que contenait le tiroir fermé à clef : mon journal
intime, une liasse de feuilles d’écolier couvertes d’une fine écriture penchée à l’encre violette ou verte, ce journal que je brûlai un
jour de janvier 2006. Sans le relire jamais. Hélas.
pour t'amuser voici mon souvenir d'armoire; je devais avoir tout juste 4 ans, et j'étais enfermée dans la chambre des grands parents attenante à la cuisine. Ne résistant pas à la curiosité j'ai ouvert l'armoire et découvert une pile de boîtes de dragées (on les gardait en souvenir de l'événement je suppose) et ne résistant pas à la gourmandise j'ai tout mangé. Evidemment j'ai été malade et dégoûtée des dragées jusqu'à un âge adulte bien avancé
RépondreSupprimerEt puis le jour où les dragées ont fait besoin, peut êtrree la fessée ou la gronderie...j'imagine...
Supprimerj'ai été tellement malade que cela m'a évité la fessée
SupprimerHihi ...avec mon frère on avait dévoré des pastilles médicinales pour la toux; toute la boite, les parents ne pouvaient pas nous réveiller
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