dimanche 6 juillet 2014

Elle s'appelait Mandarine


Je l’appelais Mandoue, c’était ma maman douce.
Une chatte écaille de tortue, ma chatte.



Mandarine était fille d’une chatte sauvage, Maman Teigne, une mère courage qui élevait ses petits dans la rue mais aussi dans la crainte des humains.
Farouche, sauvage, altière, excellente mère, elle amena une portée de trois petites femelles dans un garage nous appartenant, jadis.
Ces trois chatonnes, nous les nourrissions avec leur mère et elles finirent par vivre chez nous, sauvageonnes jusqu’au bout des griffes.
Blanche vit toujours , elle fut la première à se laisser apprivoiser.
Orange disparut très vite vraisemblablement tuée par un chien.
Mandarine était une petite femelle ainsi nommée car cette écaille de tortue avait le nez partagé en deux, un côté couleur mandarine.
C’était une petite femelle obéissant à maman Teigne ; elle fut très longue à se laisser apprivoiser contrairement à Blanche.
Une boule de poils hérissés, craintive et curieuse à la fois.
J’optai pour la manière forte, avec des gants en cuir je l’attrapais pour  l’obliger à s’habituer à moi, à mon contact, à mon odeur.
La manière fut payante, elle s’attacha à moi de façon viscérale.
Elle me confiait ses peurs, ses douleurs, ses terreurs.


Accidentée elle se réfugia en sanglotant comme un enfant dans mes bras.
Une profonde relation s’instaura entre nous.
Lorsque son sternum accidenté la faisait trop souffrir, elle venait le poser la nuit dans ma main gauche car elle savait –comment ?- que cette main seule soulage les douleurs.
Elle partagea ma vie de femme seule pendant 5 ans.
Je lui confiais mes peines, mes chagrins, mes larmes, et elle m’écoutait, elle me laissait poser la tête sur sa fourrure  et glissait, la nuit, une patte dans ma main.
Mandarine ne savait pas miauler.
Elle avait une voix cassée, éraillée et au lieu du traditionnel « miaou », elle émettait un « ajjiii » étonnant, un peu sifflé.
Cependant un jour je lui dis ; « Et tu ne sais même pas miauler ! »
Ce à quoi elle répondit par l’unique « miaou » bien articulé de son existence.
Le soir, quand j’étais au lit, elle arrivait et me demandait de sa voix cassée : « Ajjiii ?…je peux ? » ; elle ne montait sur mon lit que si je disais oui. Et c’était toujours oui.


Mandarine était obéissante, comme avec maman Teigne : elle m’écoutait, cherchait toujours l’approbation et ses grands yeux dorés, toujours inquiets, essayaient de lire , de deviner ce que j’espérais.
Elle régnait sur la maisonnée, c’était le chef de meute (la meute était alors importante) et je faisais partie de la meute.
Si je grondais un chat, elle m’écoutait et gratifiait le récalcitrant au passage d’une bonne paire de claques, se tournant ensuite vers moi avec un hochement de tête, l’air de dire « Ma pauvre tu ne sais pas y faire ! »




D’ailleurs je lui demandais conseil !
Quand je partais en week end je lui confiais la maison : «  Mandoue, tu gardes la maison et le jardin et les petits ». Et elle gardait.






Un jour d’août 2012, en rentrant de vacances, Mandoue ne m’attendait pas…Ni le lendemain matin..
Je l’appelai, la cherchai, inquiète, puis soudain, un flash traversa mon esprit, me disant où elle était.
Une canalisation traversait la route, Mandoue, heurtée par une voiture gisait dans cette canalisation sous terre.
Il fallut la lance à incendie pour dégager un corps informe que je ne sus reconnaître.
Longtemps, ce manque d’identification me maintint dans le déni et la nuit, je rêvais qu’elle revenait, validant ainsi mon refus de la voir morte..
Malgré la petite tombe enfouie dans les fleurs de mon jardin.











Mandarine reste un profond manque dans ma vie.
Une absence jamais comblée…






Il me manque ma maman douce, celle qui comprenait sans mots.





Parfois, encore, je crois voir étinceler deux yeux dans la nuit noire 
du jardin...





Pour terminer avec mes histoires félines, je vous renvoie si cela vous plait de « lire chat » à trois billets précédents racontant la vie et le départ de mes chats


Pléthore : le rouquin


Petit Grain : le siamois



 Basile et Marcus….

http://balades-lison.blogspot.fr/2014/02/basile-et-marcus.html


11 commentaires:

  1. C'est très triste. Et d'autant plus lorsque ça arrive quand on est absent.
    Cela m'est arrivé aussi. Je suis rentrée d'un we et j'ai trouvé Pupuce ma petite chatte morte dans une des chambres.
    J'ai fait un article sur ce douloureux moment, je t'enverrai le lien.
    C'est vrai que c'est particulier ce petit museau à deux couleurs. C'est tout mignon.
    Petite Mandarine à croquer.
    Deux visages, qu'elle était belle.
    Gros bisous

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    1. Oui, tu as raison deux visages et une belle personnalité. Elle fait partie de ces chats que je regretterai toujours, j'aurais voulu vieillir à leur côté; ce sont des chats qui adoucissent la vie par leur sollicitude. Je t'embrasse

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  2. Coucou
    Ton histoire de chat me touche profondément, qui me fait monter les larmes aux yeux. Et cette relation si particulière que tu avais avec elle. Cette complicité. Comme c'est triste de lire la fin tragique de Mandarine. Si belle ! Tu as eu un flash... Pour moi... Elle t'a envoyé un message... Je suis contente que tu apprécies mon blog et mon amour des chats. Je vais t'orienter, si tu veux bien, vers des articles qui devraient te plaire, tout particulièrement. Notamment celui consacré à ma minette Lisa. Car, j'ai aussi une belle histoire à te raconter... celle de ma Lisa.
    A bientôt !
    Chamitiés du lundi.
    Béa kimcat

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  3. Coucou à nouveau...
    Voici 'histoire de ma Lisa
    http://kimcat1b58.over-blog.com/article-lisa-chez-victoria-83632332.html
    Bonne lecture !
    Béa kimcat

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    1. En lisant tes pages, j'avais vu l'évocation de cette Lisa très abimée et très aimée. C'est bien relaté, c'est émouvant et éloquent, des histoires qu'on n'aimerait jamais lire, ça prouverait que ça n'existe pas. Cette cruauté. je t'embrasse; elle a eu beaucoup d'amour...

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  4. on les aime tellement, je comprends combien elle doit manquer.
    Elle était magnifique.
    bisous
    Laurence

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    1. Des histoires qu'on aime découvrir, même tristes quand on aime les chats. cette Mandarine je le regrette particulièrement. Après sa mort, les autres étaient devenus ingouvernables, c'était elle qui tenait la maisonnée et je ne l'ai compris qu'après. je me suis vue même incapable de les gérer. Bisous

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  5. C'est une belle histoire très touchante.
    Chaque chat est unique et a son propre caractère.
    Quand ils s'en vont au paradis des chats, on ne les oublie jamais.
    J'ai 3 chats qui y sont depuis 2010 et 2011 et c'est comme si c'était hier.
    Ils me manquent, j'aurais voulu que mes deux dernières les connaissent.
    Bises!

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    1. je partage absolument ce point de vue. je n'ose jamais dire cela car les humains ne comprennent guère. Enfin, nombre d'humains. Bises

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  6. Ces petites bêtes laissent un grand vide lorsqu'elles partent, et j'imagine bien la peine que tu as dû avoir lorsque Mandarine s'en est allée.
    Merci pour cette jolie histoire, Lison. Je t'embrasse.

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    1. Il va y avoir 2 ans et c'est encore un vide. Qui m'accompagnera au fil des ans. Comme le vide laissé par un humain, car on vit également très proche d'un animal. Bisous Françoise

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