Je l’appelais Mandoue, c’était ma
maman douce.
Une chatte écaille de tortue, ma
chatte.
Mandarine était fille d’une
chatte sauvage, Maman Teigne, une mère courage qui élevait ses petits dans la
rue mais aussi dans la crainte des humains.
Farouche, sauvage, altière,
excellente mère, elle amena une portée de trois petites femelles dans un garage
nous appartenant, jadis.
Ces trois chatonnes, nous les
nourrissions avec leur mère et elles finirent par vivre chez nous, sauvageonnes
jusqu’au bout des griffes.
Blanche vit toujours , elle fut
la première à se laisser apprivoiser.
Orange disparut très vite
vraisemblablement tuée par un chien.
Mandarine était une petite
femelle ainsi nommée car cette écaille de tortue avait le nez partagé en deux,
un côté couleur mandarine.
C’était une petite femelle
obéissant à maman Teigne ; elle fut très longue à se laisser apprivoiser
contrairement à Blanche.
Une boule de poils hérissés,
craintive et curieuse à la fois.
J’optai pour la manière forte,
avec des gants en cuir je l’attrapais pour
l’obliger à s’habituer à moi, à mon contact, à mon odeur.
La manière fut payante, elle
s’attacha à moi de façon viscérale.
Elle me confiait ses peurs, ses
douleurs, ses terreurs.
Accidentée elle se réfugia en
sanglotant comme un enfant dans mes bras.
Une profonde relation s’instaura
entre nous.
Lorsque son sternum accidenté la
faisait trop souffrir, elle venait le poser la nuit dans ma main gauche car
elle savait –comment ?- que cette main seule soulage les douleurs.
Elle partagea ma vie de femme
seule pendant 5 ans.
Je lui confiais mes peines, mes
chagrins, mes larmes, et elle m’écoutait, elle me laissait poser la tête sur sa
fourrure et glissait, la nuit, une
patte dans ma main.
Mandarine ne savait pas miauler.
Elle avait une voix cassée,
éraillée et au lieu du traditionnel « miaou », elle émettait un
« ajjiii » étonnant, un peu sifflé.
Cependant
un jour je lui dis ; « Et tu ne sais même pas
miauler ! »
Ce à quoi elle répondit par
l’unique « miaou » bien articulé de son existence.
Le soir, quand j’étais au lit,
elle arrivait et me demandait de sa voix cassée : « Ajjiii ?…je
peux ? » ; elle ne montait sur mon lit que si je disais oui. Et
c’était toujours oui.
Mandarine était obéissante, comme
avec maman Teigne : elle m’écoutait, cherchait toujours l’approbation et
ses grands yeux dorés, toujours inquiets, essayaient de lire , de deviner ce
que j’espérais.
Elle régnait sur la maisonnée,
c’était le chef de meute (la meute était alors importante) et je faisais partie
de la meute.
Si je grondais un chat, elle
m’écoutait et gratifiait le récalcitrant au passage d’une bonne paire de
claques, se tournant ensuite vers moi avec un hochement de tête, l’air de dire
« Ma pauvre tu ne sais pas y faire ! »
D’ailleurs je lui demandais
conseil !
Quand je partais en week end je
lui confiais la maison : « Mandoue, tu gardes la maison et le jardin
et les petits ». Et elle gardait.
Un jour d’août 2012, en rentrant
de vacances, Mandoue ne m’attendait pas…Ni le lendemain matin..
Je l’appelai, la cherchai,
inquiète, puis soudain, un flash traversa mon esprit, me disant où elle était.
Une canalisation traversait la
route, Mandoue, heurtée par une voiture gisait dans cette canalisation sous
terre.
Il fallut la lance à incendie
pour dégager un corps informe que je ne sus reconnaître.
Longtemps, ce manque
d’identification me maintint dans le déni et la nuit, je rêvais qu’elle
revenait, validant ainsi mon refus de la voir morte..
Mandarine reste un profond manque
dans ma vie.
Une absence jamais comblée…
Parfois, encore, je crois voir étinceler deux yeux dans la nuit noire
du jardin...
Pour terminer avec mes histoires félines, je vous renvoie si cela vous
plait de « lire chat » à trois billets précédents racontant la vie et
le départ de mes chats
Pléthore : le rouquin
Petit Grain : le siamois
Basile et Marcus….
C'est très triste. Et d'autant plus lorsque ça arrive quand on est absent.
RépondreSupprimerCela m'est arrivé aussi. Je suis rentrée d'un we et j'ai trouvé Pupuce ma petite chatte morte dans une des chambres.
J'ai fait un article sur ce douloureux moment, je t'enverrai le lien.
C'est vrai que c'est particulier ce petit museau à deux couleurs. C'est tout mignon.
Petite Mandarine à croquer.
Deux visages, qu'elle était belle.
Gros bisous
Oui, tu as raison deux visages et une belle personnalité. Elle fait partie de ces chats que je regretterai toujours, j'aurais voulu vieillir à leur côté; ce sont des chats qui adoucissent la vie par leur sollicitude. Je t'embrasse
SupprimerCoucou
RépondreSupprimerTon histoire de chat me touche profondément, qui me fait monter les larmes aux yeux. Et cette relation si particulière que tu avais avec elle. Cette complicité. Comme c'est triste de lire la fin tragique de Mandarine. Si belle ! Tu as eu un flash... Pour moi... Elle t'a envoyé un message... Je suis contente que tu apprécies mon blog et mon amour des chats. Je vais t'orienter, si tu veux bien, vers des articles qui devraient te plaire, tout particulièrement. Notamment celui consacré à ma minette Lisa. Car, j'ai aussi une belle histoire à te raconter... celle de ma Lisa.
A bientôt !
Chamitiés du lundi.
Béa kimcat
Coucou à nouveau...
RépondreSupprimerVoici 'histoire de ma Lisa
http://kimcat1b58.over-blog.com/article-lisa-chez-victoria-83632332.html
Bonne lecture !
Béa kimcat
En lisant tes pages, j'avais vu l'évocation de cette Lisa très abimée et très aimée. C'est bien relaté, c'est émouvant et éloquent, des histoires qu'on n'aimerait jamais lire, ça prouverait que ça n'existe pas. Cette cruauté. je t'embrasse; elle a eu beaucoup d'amour...
Supprimeron les aime tellement, je comprends combien elle doit manquer.
RépondreSupprimerElle était magnifique.
bisous
Laurence
Des histoires qu'on aime découvrir, même tristes quand on aime les chats. cette Mandarine je le regrette particulièrement. Après sa mort, les autres étaient devenus ingouvernables, c'était elle qui tenait la maisonnée et je ne l'ai compris qu'après. je me suis vue même incapable de les gérer. Bisous
SupprimerC'est une belle histoire très touchante.
RépondreSupprimerChaque chat est unique et a son propre caractère.
Quand ils s'en vont au paradis des chats, on ne les oublie jamais.
J'ai 3 chats qui y sont depuis 2010 et 2011 et c'est comme si c'était hier.
Ils me manquent, j'aurais voulu que mes deux dernières les connaissent.
Bises!
je partage absolument ce point de vue. je n'ose jamais dire cela car les humains ne comprennent guère. Enfin, nombre d'humains. Bises
SupprimerCes petites bêtes laissent un grand vide lorsqu'elles partent, et j'imagine bien la peine que tu as dû avoir lorsque Mandarine s'en est allée.
RépondreSupprimerMerci pour cette jolie histoire, Lison. Je t'embrasse.
Il va y avoir 2 ans et c'est encore un vide. Qui m'accompagnera au fil des ans. Comme le vide laissé par un humain, car on vit également très proche d'un animal. Bisous Françoise
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