Sur des images de Noël 2018.
Balacet, en Couserans |
Carte d' Ariège Uchentein en rouge le Couserans en orangé |
C'est une région allant de moyenne à haute montagne, très belle, froide, humide, arrosée et fort riante aux beaux jours .
De l'eau, toujours de l'eau : cascades, rivières, torrents, fonte des neiges, tout y contribue.
Grange à Balacet |
Notamment celles de Bentaillou entre 2500 et 2700 m d'altitude, à garder pour les beaux jours.
Les mines sont de plomb argentifère, de zinc, au Mail de Bulard, les plus hautes d'Europe, entre 2500 et 2700 m (que je veux aller voir aux beaux jours), de galène, ou de blende.
Pour les carrières, j'ai commencé, sans le faire exprès, par les marbres d'Uchentein, juste à 1200 m d'altitude, modeste parcours.
C'était sur le chemin de ma randonnée. Je m'y suis attardée, parce que les vieilles pierres me parlent, pour plus monumentales soient-elles. Et puis que ma curiosité est sans cesse attisée. Alors j'y suis retournée le lendemain, et encore, je ne savais pas tout !
Je ne savais pas que la montagne si proche avait en son antre, bien cachée dans la végétation repoussée, une très ancienne carrière, loin du sentier. mais que j'irai rencontrer lors d'un prochain passage là bas, la carrière de Balacet (1867 1977).
Donc au-dessus d' Uchentein et Balacet, deux villages voisins de 2 km, à 1200 m d'altitude, des carrières en plein ciel montrent ce qui reste de leur ancien trésor.
Là bas c'est un marbre rose pâle, juste saumoné, un peu veiné de vert, à y bien regarder.
Le Couserans n'a pas que cette couleur à offrir : de nombreuses carrières offrent une étonnante variété. Allant du "Fleur de pêcher", un des plus beaux des Pyrénées au "Grand Antique", noir et blanc de Montégut, ornant les Basiliques de Rome, Paris et Venise. Et puis il y a les " sur fond noir", ou "griotte" à amandes blanches, veinulées de vert de Seix, le gris rose tacheté de rouge et de noir de Cazavet, et j'en passe...
Uchentein, lorsque j'y arrive, ce sera surprise : je n'en sais pas la couleur et c'est bien ainsi.
J'ai marché dans un sentier sous les noisetiers et je débouche "à l'air libre " dans un décor qui n'apparaît pas de prime abord; pour ce dernier, il faut arriver par Balacet. Car il y a deux chemins.
J'arrive donc par Uchentein et je vois d'abord un baraquement en ruine, long et étroit, se profilant sur un quai et une ligne de montagnes superbes.
C'est le baraquement des mineurs qui y ont laissé leur empreinte gravée dans la pierre. Il y avait là des espagnols, italiens et portugais, au début du XX eme siècle. Emouvantes pierres qui parlent d'hommes, d'exil, de labeur et de nostalgie...sinon pourquoi graver son nom pour l'éternité ?
Marc |
Manuel Abadia 1926 |
Italien 1926 |
Plus moderne, à la peinture |
Je rôde dans le site, devinant et décodant avant que Marc, piqué par ma curiosité ne me donne des détails au retour.
Une roue |
Peut être cette roue ? |
Alors que vois-je ? Des blocs découpés dans la falaise, un grand espace lisse, en marbre, sur lequel ces blocs étaient tirés jusqu'à l'embarquement, des blocs de 14 tonnes toutefois.
Les blocs étaient traînés sur ce socle de marbre jusqu'au quai de départ (en bout) |
La carrière n'est que silence, il suffirait de s'asseoir et fermer les yeux peut être pour entendre ceci:
Il ne reste que cela ...
Souffrance et puissance |
Le site : sur la gauche, ruine du bâtiment des mineurs, puis le bassin et le quai de départ |
Et des blocs, partout, des débris ou non détachés des murs, ou encore prêts au départ.
Un bloc découpé |
Et le local à explosifs, creusé dans la falaise et envahi par un arsenal...d'immondices!
La " grotte aux explosifs " |
Le départ...ces blocs de 10 à 14 tonnes descendaient au village, presque par leur propre moyen, car par gravité.
Un "embarcadère" fait de gros blocs solidement liés qui portent encore les stigmates de la force et de la puissance servaient de quai :
Quai de départ |
L'autre face |
Pavage en centre du chemin |
En jaune les 1.5 km du chemin de descente |
Image pouvant correspondre Source internet |
Il reste encore cinq énormes blocs posés au bord du chemin: de les voir cela rend le labeur encore plus impressionnant !
Ainsi le bloc arrivait à Balacet où l'attendait le quai de chargement pour être convoyé par boeufs vers la vallée et St Girons. Puis dans l'Hérault où les marbres du Couserans étaient travaillés, découpés et polis.
Balacet, son église et le quai de déchargement...en marbre évidemment |
Comme d'autres carrières émaillaient ces montagnes ce devait être de sacrés convois au pas lent sur ces routes. La traction se modernisa au fil du temps, comme la descente des blocs depuis la carrière.
Plus tard dans le temps, les blocs descendaient à Uchentein au moyen d'un plan incliné muni de rails. Un camion glissait sur ces rails, avec un conducteur et le freinage était effectué d'en haut, de la carrière. Exercice périlleux s'il en est. A mon prochain voyage, Marc m'emmènera voir les vestiges de cette épopée. Mais je pense avoir vu le départ de ce tracé tout près de la carrière.
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J'ai essayé simplement, avec quelques pièces de ce puzzle fort incomplet, de donner vie à ces petites carrières de montagnes où tant d'hommes ont écrit quelques belles pages d'une destinée aussi banale qu'exaltante....A suivre donc...plus tard....Lors des beaux jours revenus.
Additif (recherche faite sur internet par Christelle L):
La carrière de Balacet : l’entreprise Jean Méric de Saint Girons, assurait le transport du marbre grâce aux solides camions Saurer à roues pleines. Pour ralentir dans la descente, un ouvrier à l’arrière devait actionner le volant du frein. Sur la montagne de Balacet-Ucheintein, les carrières de marbres sont exploitées pour le compte de Mr Gauthier, conseiller général de Molinge (Jura) en 1910. Puis à partir de 1930, se sera la société « Marbres –Pierres-Granits », dont le siège se trouvait à Lyon. Une grève éclata, menée par 28 ouvriers pour demander une augmentation de 4 francs par jour. Pour une journée de10 heures, le salaire d’un manœuvre était de 25 francs par jour et de 30 pour un ouvrier carrier. Après avoir duré un mois la grève prit fin, les ouvriers avaient obtenu une augmentation de 2,50 francs. Extrait de « Le voyageur », journal de la résidence La Croix du Sud, mai 2017, un article est consacré au marbre ariégeois.
Impressionnants ces blocs de marbre! On imagine le travail des ouvriers de l’époque, il leur fallait beaucoup de savoir faire, de précision, d’ingéniosité et la tâche devait être harassante. De belles photos de cette carrière et des graffitis rappelant l’activité passée.
RépondreSupprimerMerci pour ce reportage car j’adore les pierres. Bises.
Un lieu qui, assurément, te plairait. Faire revivre le passé est l'apanage des vivants de notre génération avant que tout ne disparaisse et tombe dans l'oubli. Et ces rencontres fortuites à l'occasion d'autre chose, sont encore plus plaisantes. Bises
Supprimertrès beau reportage ,Amedine, la grange ressemble fortement à celles du val d'azun et ces pièces de marbre dans un endroit sauvage rappellent celles de l'espiadet à payolle ,moins sauvage car sur la montée de l'aspin!Je vais me documenter sur toutes ces richesses enfouies ,merci, Amedine pour ce reportage si parlant , gazouillis!
RépondreSupprimerAh voilà un sujet qui m'intéresse, y aurait il du marbre sur ce site de l'Espiadet ? je vais me renseigner. J'adore la roche dans tous ses états, je reviens tout juste de Caunes, 11, et ses marbres corail. Tu sais...je suis une passionnée...Gazouillis aussi
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