Bien sûr vous l'aurez compris ma cabane n'était pas la taule
même si elle pouvait être en tôle comme on en rencontre
dans le Massif du Carlit.
Elle n'était pas non plus au Canada mais à Coume Joan, une petite prairie de montagne, à 2040 m d'altitude, posée sur un tapis d'herbe verte, les pieds presque dans l'eau.Elle réunissait tous les éléments que j'aime : des tas de rochers sur lesquels aller faire un peu de voltige et de l'eau facétieuse car elle vient presque de nulle part. Descendue en cascade des flancs bien raides de la montagne, elle s'enfouit sous le sol sitôt touché terre et réapparaît, malicieuse et glacée, près de la cabane, en cascadant à souhait.
Elle réunissait aussi des ingrédients afférents aux cabanes de montagne peu utilisées que je vais vous présenter.
Mais surtout c'était pour moi une première : JAMAIS je n'avais voulu dormir en refuge au milieu des autres, dans le bruit, la promiscuité, enfin, je leur préférais de loin la solitude de mes cabanons, kangoo ou camion.
Cependant, pour franchir le pas, il me fallait une motivation: envisager une randonnée plus lointaine que celles qu'on peut faire à la journée. Je commençais à y songer depuis quelques mois. La rencontre avec Marcel fut déterminante : si je ne randonne qu'à la journée, lui le fait rarement et opte pour la nuit en cabane. Je me laissai convaincre.
Donc, après 2 heures de marche en forêt lourdement chargés, je découvris le lieu de villégiature. Je l'avais rencontrée par le passé, avec Camille, mais nous n'avions fait que passer, sans pousser la porte.
C'est une bâtisse de pierre, aux murs sombres et épais, partagée en deux pièces, chacune ayant sa cheminée. Dans la plus grande pièce, une table rustique, des bancs qui n'ont de banc que le nom, un petit garde manger à moustiquaire, et des objets hétéroclites posés là par les habitants occasionnels, comme on en rencontre dans chaque cabane. Avec l'inévitable réserve de bois bien au sec. Certaines cabanes sont dotées d'un petit poêle de faïence. Ici c'est cheminée au tirage exceptionnel.
Le plafond est neuf et le toit d'ardoise aussi, évidemment.
La nappe date de plusieurs années |
En 1er plan une assiette improvisée une lauze, ça ne manque pas dans le coin |
Dortoir inconfortable |
Le garde manger |
J'ai fabriqué une fourchette pour la grillade |
Devant la fenêtre, un grand banc de pierre permet de contempler...on y verrait bien trois ou quatre bergers assis, surveillant leurs troupeaux. Ici, de troupeau il n'y a que celui formé par ces énormes blocs de pierre.
C'est amusant une première soirée en cabane.
Prendre possession des lieux sans trop toucher à quoi que ce soit, on est de passage.
Et souscrire à la corvée de bois, qui est assez plaisante.
Quand les premières gouttes de pluie arrivent, le feu brûle rondement, répandant une douce chaleur. D'autres marcheurs arrivent et font de même à l'autre cheminée. Chacun sa flamme !
C'est l'heure de l'apéro, on a pensé à tout et en regardant brûler le feu et tomber la douce averse tiède, on savoure le vin blanc et ce qui l'accompagne.
Apéro ! |
En bavardant.
Marcel m'apprend comment s'organiser pour demain : alléger le sac un maximum, et reprendre les affaires au retour. On consulte la carte, on bavarde avec les voisins, enfin c'est léger, convivial et amusant pour moi. Pour les voisins, demain, c'est pêche à l'étang du Lanoux.
Je redoute l'inconfort du lit : dormir sur une natte quasi à même le ciment, comment vais je en sortir le lendemain ?
La viande cuit sur le gril, saucisse catalane et côtes d'agneau. Grillées au bois de pin, leur saveur est différente, moins goûteuse trouvai-je. Mais c'est rustique .
Un cinquième randonneur arrive : lui c'est tente de camping, sur trois jours, demain il grimpe au Carlit...de bonnes jambes sont nécessaires pour ce périple. Echanger avec les voisins est toujours intéressant...à notre manière nous sommes des gens du voyage !
On s'attarde à table, il n'y a pas grand chose à faire.
On ranime le feu pour voir danser la flamme.
Marcel voudrait m'entraîner dans une balade nocturne. Cela me plairait assez mais je suis déjà enfouie dans ma couette, perdant par moments conscience des mots, du temps, du chant du ruisseau et même des dernières lueurs du jour ; je dors déjà. Malgré l'inconfort.
Ce sera la douleur de l'inconfort qui me réveillera quelquefois dans la nuit mais finalement, même si je ne ferais pas cela souvent, j'ai aimé passer une nuit en cabane. Avec, traversant à peine les murs épais le chant de l'eau qui cascade.
Il doit y avoir un reste d'enfance qui sommeille en chacun de nous....En moi il en reste décidément beaucoup .
21 h 27 |
21 h 28 On est en zone inondable ! |
Il faut un début à tout, et ce début est une réussite.
RépondreSupprimerhihi, et j'en redemande ...un peu plus de confort pour ma tête cependant...
SupprimerSuper cette cabane, une belle expérience, pour une première c’est très réussi. J’adore, plus sympa qu’un refuge.
RépondreSupprimerTout à fait et envie de recommencer; super sympa le concept, même si un peu "crad"..sur les bords et pas que...
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