Je suis dans une petite ville, ou un gros village plutôt, Ribes de Freser. J'y ai mon café attitré parce que l'on s'y sent bien et que lorsque j'arrive à Ribes, quelle que soit l'heure, je fais la halte pour boire un Albariño , et manger accessoirement des tapas.
Ribes de Freser (les rives du Freser...rivière) |
Catalunya : situation |
L'Albariño est un vin blanc issu d'un cépage du même nom, qui est cultivé en Galice ou au Portugal à la pointe extrême de la Péninsule Ibérique, un vin au degré léger mais au goût très fleuri.
Ce jour là il n'y a plus d' Albariño mais du Rueda issu du cépage Verdejo, blanc. Excellent aussi.
Marie devant un Albariño, archives 2012 |
Donc me voici au café il est l'heure du repas en France, de l'apéritif là bas.
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Sur la place, le café |
Un café, un couloir |
C'est une pièce longue et sombre, aux murs de pierres apparentes et meublé de tables de bistrot en marbre.
Une pièce ? Non un couloir; le comptoir, à mi parcours, occupe toute la place, il est flanqué de tabourets qui accueillent un maximum de personnes car à l'entrée il n'y a de places que pour un petit nombre et tout au fond, il en va de même.
J'aime à me tenir tout au fond parce que c'est plus intime, chaleureux et que j'aime le grand meuble en bois qui accueille verres et bouteilles dans un scintillement de lumières.
Le meuble que j'aime |
Nina m'accompagne, j'ignore que les animaux sont interdits mais on finira par m'accorder une faveur devant ma bonne foi. Ce n'est pas encore l'heure du repas. C'est juste une question d'hygiène.
ça parle catalan et fort : à la table voisine, six personnes, deux hommes et quatre femmes achèvent des plats de tapas et une ou deux bouteilles. Les femmes ont la voix grave, c'est souvent le cas en Catalogne ou en Espagne. Le serveur apporte l'addition et c'est un long, un interminable concert d'exclamations, de calculs périlleux, de joutes verbales pour partager les frais...alors que c'est un simple multiple de six, un compte rond. Même si je comprends les phrases, je ne comprends plus le sens de la conversation, ni la difficulté de la situation et le Rueda n'y est pour rien. Enfin pour moi.
La table des catalans (image discrète) et la dame "haute en couleurs" |
Emergent alors du gosier d'une ancêtre gouailleuse les mots imagés et colorés qui n'ont de sens que dans la langue, certes pas dans leur traduction ! "Afartats"jaillit du gosier ainsi que "us en futriu mes" , je retiens mon rire devant ces superlatifs et dérivatifs de "se goinfrer". Plus rien n'arrête alors la gouailleuse qui verse la fin de la bouteille dans son verre et, soudain, à ma stupéfaction, lève le goulot au niveau de son visage! Va t'elle téter ? Mais non, à la mode d'ici, elle renverse bouteille et donc le goulot,ouvre la bouche, et sans téter, à la manière de la boisson au "porro" elle injecte dans son gosier jusqu'à la dernière goutte du précieux breuvage. J'en reste - discrètement - pantoise !
Archives de vendanges : séance boisson au "porro" |
Arrivent alors, comme une volée de moineaux, quatre marcheurs de leur connaissance : ce ne sont plus qu'exclamations, cris, interjections, gesticulations, parmi lesquels le serveur a du mal à extirper du grand meuble la moindre bouteille, il n'a plus de place.
Nina, placide, somnole, ou veille, toujours cachée dans son petit panier défraîchi, souvenir de Lison.
Quant à moi j'observe et je passe inaperçue ce qui est facile.
Puis, comme une volée d'étourneaux, les marcheurs s'envolent et laissent sur leur sillage une vague de froid, celui qui est bien incrusté dans leurs doudounes : il ne fait que 5° dehors.
La table se vide aussi, il ne reste plus que trois femmes et un homme, dont j'entendrai enfin la voix, un filet assez aigu, qui détonne par rapport à l'organe de ces dames. Alors les chuchotements s'installent, l'heure est à une nouvelle bouteille sur fond de confidences, à moins que ce ne soit la fatigue. La chaleur.
"Es un quart de tres" ponctue l'ancêtre avec gravité : c'est la difficile manière catalane de donner l'heure; il est un quart de trois (heures), heureusement la télé me donne l'heure, 2 heures 1/4.
Tapas et vin de Rueda |
Je commande un petit plat de tapas, histoire de rester au spectacle et la patronne, qui vient enfin de s'apercevoir de la présence de Nina, me contera sur fond de confidences et de connivence, l'histoire de Ramon, un chat minuscule que son époux avait recueilli à la station service et qui deviendra un énorme matou de 14 kg, jamais rassasié mais aimant, plus encore que la nourriture, l'eau de vaisselle où il plongeait ou la douche qu'il partageait avec ses maîtres. Ramon n'est plus de ce monde mais il fut aimé et reste dans le coeur ému de la dame, ravie de partager ce souvenir.
Enfin je quitte le café, pressée de rejoindre les montagnes toutes proches et étincelantes, laissant la table des quatre se délecter...au fait de quoi ? J'ai oublié....
Un régal ton commentaire ponctué de mots Catalans qui me plongent dans mon enfance. On s'y croit dans ce café !
RépondreSupprimerMerci Josy et en plus je vois que tu peux commenter aussi ce blog. Serais tu catalane d'alla ?
SupprimerJe suis catalane d'ici ! Palau del vidre.
SupprimerI jo de Montesquiu
SupprimerCC ... Merci de ce sympathique partage !!!
RépondreSupprimerBonne semaine, Bisous et Câlins à tes Félins
PS : que Nina est sage malgré le bruit (rires)
Bisous à toi aussi. Nina est en OR comme le fut Lison. On dit un clône, un copié collé ou une réincarnation...moi je dis 2 Amours
SupprimerMerci pour le récit de ce joli moment catalan. Tu racontes tellement bien que je croyais y être moi aussi ! :-)
RépondreSupprimerBisous, Amédine.
Ah oui ? merci. C'était trop rigolo pour ne pas le partager: bisous sans neige
SupprimerUn véritable talent. il est vrai que les bistrots sont des lieux de spectacle. J'ai des souvenirs dans un bar de Marseille avec des gars fort sympathiques qui consommaient les petits jaunes et les cartes à gratter. La partie de cartes, revisitée début XXIe. Mais je ne saurais pas raconter....
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