StefanZweig |
Il s'agit d'un ouvrage de Stefan Zweig, publié voilà 100 ans, un récit de 127 pages dans l'édition Poche..
Le récit qu'une vieille dame de 67 ans (ainsi est elle définie) fait à un jeune homme d'un douloureux épisode de sa vie.
Ce récit à lui seul occupe 89 pages et se déroule le temps d'une nuit dans une chambre d'un petit hôtel de la Riviéra Italienne. En 1904.
Le début du récit ressemble à une pièce de théâtre. Les sept pensionnaires sont de société bourgeoise, danois, italiens, allemands, français et une vieille dame anglaise, Mrs C...Une bonne société de belle éducation au sein de laquelle tout semble tracé d'avance. Tout peut continuer ainsi malgré l'arrivée d'un nouveau personnage, un jeune français de non moins bonne éducation. sauf que par lui, arriva le scandale et une respectable mère de famille s'enfuit avec cet illustre inconnu dès le lendemain....Emoi, effervescence, désapprobation, scandale, dans cette petite société bien pensante.
Excepté pour le narrateur et la vieille dame anglaise.
Dans ce texte, le temps est minuté avec précision comme au théâtre et semble obéir à la loi classique des trois unités, aussi bien dans cette intrigue qui occupe le début de l'histoire comme dans le récit de la vieille dame auquel cette intrigue servira de prétexte.Peut être à tort, ce récit m'a évoqué la règle des trois unités : unité de temps, de lieu et d'action dans le théâtre classique.
Ainsi définie par Boileau, en 1674 : "Qu'en un lieu, qu'en un jour, un seul fait accompli
Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli"
Mrs C...convie alors le jeune homme (le narrateur) dans sa chambre et lui contera d'une seule traite son histoire, ces 24 heures qui bouleversèrent à jamais sa vie .
"Jusqu'à mes 42 ans il ne m'arriva rien que de tout à fait ordinaire (p32) " : ainsi commence son récit.
J'évoquerai simplement l'histoire: c'est celle d'une double passion destructrice. Aussi éloignées puissent elles être l'une de l'autre, la passion de cette femme de 42 ans et celle de ce tout jeune homme qui croise sa route
une nuit de pluie, prennent le même chemin, entrecroisent des vies qui jamais n'eussent du se rencontrer et happent dans leur sillage les deux protagonistes jusqu'à une forme de destruction. Deux destinées qui se mêlent pendant 24 heures et se brisent.
Le récit est brillant, brûlant. Un morceau d'anthologie, dans le texte comme dans la construction du récit.
13 pages sont consacrées à une époustouflante description des mains du jeune homme. Description reprise vers la fin du récit, 6 pages durant.
Quant à la description de la passion, replongée dans le contexte des années d'avant la première guerre mondiale, elle est magnifique.
Une oeuvre sobre, élégante, poignante, comme le sont les personnages.
Qui montre que sous la glace couve le feu. Et que devant la passion, tout bascule, irrémédiablement.
Qui est Stefan Zweig?
Ecriture en allemand de S Zweig |
En 1900 |
Son récit "24 heures de la vie d'une femme" publié en 1927 est une nouvelle inspirée du roman épistolaire de Constance de Theis, Princesse de Salm, intitulé "24 heures de la vie d'une femme sensible".
En 1927 il publia "Lettres d'une inconnue", "La confusion des sentiments", "La pitié dangereuse".
De nombreuses biographies sont à son actif et en 1943 parut de façon posthume "Le joueur d'échecs".
Dépressif et douloureusement marqué par la guerre d' Espagne puis par la seconde Guerre Mondiale, il quitta les Etats Unis où il ne trouvait pas le repos de l'âme pour le Brésil où il se donna la mort avec sa compagne le 22 février 1942.
Il laissa une lettre à sa première épouse. Et à de nombreux amis.
Une des lettres d'adieu |
Stefan Zweig et Lotte |
De Stephan Sweig j'ai lu "lettre d'une inconnue" que j'ai trouvé admirable. Ce roman avait été joué dans ma région d'une façon originale. A la tombée de la nuit, nous, les spectateurs, étions dans des barques, accompagnés par une soprano et un accordéoniste et nous descendions un bras de rivière un peu sauvage. Des comédiennes toutes vêtues de blanc, installées le long de la berge, disaient le texte. Nous allions de l'une à l'autre avec comme intermède, la voix de la chanteuse. C'était très beau, mystérieux. Avec en plus, un orage qui se préparait au loin et qui amplifiait l'instant dramatique et étrange de cette pièce. Un beau souvenir.
RépondreSupprimerCe que tu racontes là est splendide ! J'imagine entièrement la scène, avec en arrière plan l'orage et les éclats lumineux : quelle originalité de traiter ainsi le sujet ! Cela me fait rêver. un grand merci pour m'avoir conté cela
SupprimerC'est encore moi ;-) Juste pour te dire que je sors de la médiathèque avec dans mon sac "24 heures de la vie d'une femme". Ton billet m'a inspiré. Bonne soirée.
SupprimerJe ne connais pas mais cela me donne une très grande envie de lire ce livre. Je vais me le procurer à la bibliothèque.
RépondreSupprimerMerci et bisous !