Attente…
Immensité, d'abord, désolation, impuissance...
Tous
ces jours, ces heures, ces nuits, à tuer, à meubler, un vide désespérant,
parcimonieusement rempli, laborieusement occupé et, comme par hasard, soudain
vidé jusqu’à la désespérance.
Attente…
Que
faire de cette longue plage stérile qui gît devant soi ?
Que
faire de ces heures creuses comme des coquillages abandonnés qui résonnent
lamentablement des échos des heures pleines ?
Attente…
Que
faire de ce soleil soudain trop dur, trop chaud, trop vivant ? Que faire
de cette nature qui est comme une insulte ? Que faire de ce temps à passer
sinon penser au temps passé ?
Alors
voilà que l’attente se meuble, vit, existe. Les souvenirs affluent, les bons,
les riches, les vivants, les mauvais, pauvres, stériles, corrosifs. Et l’on
s’aperçoit que le vide de l’attente devient un trop plein qui suinte, qui
coule, qui déborde.
C’est
l’heure des bilans, des douleurs. On refait le chemin à l’envers. On remodèle
son passé, en attendant.
Et
l’attente se nourrit d’avant l’attente. Comme une plaie qui se débride, on
laisse vivre le passé. On le passe à la loupe, on le dissèque, on
l’examine ; il se déforme comme devant une vitre à la planéité fluctuante.
L’attente
devient le temps des doutes, des regrets, des passions et des rancoeurs.
Les
doutes…les rancoeurs…Fidèles compagnons de l’attente.
Douloureux
travelling arrière.
Dangereux
travelling avant.
Et
si demain ne m’apportait plus ce que j’attends ?
Alors
l’attente perd de sa superbe, de son arrogance, de sa hâte. On essaie de
retenir le temps afin qu’au bout de l’attente ne fût pas une image qui ne
répondit pas à ce qu’on attendait d’elle.
Attendre
devient un piège, une absurdité, un danger.
On
se défend d’attendre mais on attend quand même.
On
finit quand même par se tourner vers ce demain.
On
le crée, on le remodèle, à l’infini, pour se protéger. On élabore ses
stratégies, ses défenses, ses autodéfenses.
Mais le pire est de n’avoir rien à attendre….
Jour de pluie Bages d' Aude (11) |
J'ai écrit ce texte il y a très longtemps, un jour de surveillance de brevet des collèges ( en 1994?) sur le papier brouillon de ladite épreuve.
Je l'ai exhumé d'une armoire il y peu de temps et j'ai retrouvé en le lisant cette atmosphère de fin d'année au collège, ce ciel bleu, cette chaleur qui invite à aller s'asseoir sous l'ombrage des platanes de la cour, le silence exceptionnel des salles de classe, le grattement des stylos sur le papier, des soupirs d'adolescents angoissés, le tic tac des montres et cette attente de fin d'épreuve qui m'a inspiré d'un seul jet ce texte.
C'est très beau, on ressent cette ambiance,
RépondreSupprimerl'image aussi est très jolie,
bisous
Laurence
Merci Laurence; bisous aux peluches et à toi
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