Bon c'était pluie d'hiver sur les carreaux. Quand j'ai fermé ma fenêtre pour écarter l'hiver et garder bien au chaud la chaleur de la maison, j'ai été surprise de ce qui tombait du ciel.
Quoi donc ? Mais la pluie!
Dont on avait oublié le nom et le bruit dans nos terres sèches du Midi.
Tellement de jours sans eau, sans pluie.
Et voilà qu'elle habille mon jardin, ma rue, mes carreaux, qu'elle tapisse mes papilles d'un parfum inoubliable, inoublié, mais toujours retrouvé avec bonheur.
Il y a la pluie d'été chaude, tiédasse, violente, qui fait fumer les routes, la terre, et dépoussière d'un grand coup les feuilles. Toutes les feuilles.
Il y a la pluie océane très rare, que je rencontre en montagne, presque invisible et qui en cinq secondes vous trempe jusqu'aux os, celle de la littérature qui mouilla sous la plume d' Alejandro Perez Lugin (fin 19 eme) Santiago de Compostela de façon inaltérable, inaltérée depuis. Un magicien des mots. Un monument littéraire que cette "Lluvia en Santiago" qui n'est autre qu'une pluie océane mais qui étoila ma découverte de St Jacques de Compostelle, voilà près d'un demi siècle, d'un voile magique.
Et puis il y a la pluie d'hiver...Celle qui s'abattit sur mon village.
Quand je fermai ma fenêtre, ce fut un parfum qui me sauta au visage ; celui qui aurait pu enrober la nuit mouillée, mais on n'était pas encore à la nuit. C'était tout à la fois la terre mouillée, l'herbe mouillée, la pierre mouillée et l'asphalte mouillée. Quel mélange...quel parfum !
Alors j'ai enveloppé ce parfum d'images et de couleurs.
Celle du frileux bougainvillée qui attend sa dernière heure et la mienne sans doute. Plus de trente ans qu'il végète, plus de trente ans qu'il perdure. Au nom de quoi ?
Celle des dernières roses malmenées par le vent mais qui gardent un parfum subtil contre lequel le vent ne peut rien.
Et puis la terre qui exhale rarement son parfum, le gardant jalousement.
Mais la pluie devenait granuleuse de grésil, étoilée de flocons. Cela changeait tout. Cela magnifiait le parfum, cela magnifiait le grand cyprès de mon jardin d'un reflet mouvant sur ma fenêtre détrempée.
Reflet du cyprès |
Je pris ensuite la route pour des besognes très banales et ma route s'obscurcit.
Les roseaux s'allongeaient vers le sol, craquant sous le vent violent. Comme cliquettent les mâts des voiliers dans les ports désertés.
Les grands chênes pleuraient leurs feuilles sur les vignes, sur les flaques, tandis que les petits gardaient les leurs, jalousement, pour un temps encore.
Derrière les cyprès de la colline, le Canigou s'était éclipsé.
L' après midi il avait chaussé des pantoufles de blanc duvet.
Là, au soir, il avait disparu ...Jouait il les Rois du Shopping à la recherche de la tenue idéale pour Malin d' Hiver ?
Ce serait le prochain Matin qui nous le dirait...J'avais hâte d'être au lendemain pour découvrir ce Roi là.
Ce matin, le voici, estompé par la neige. Il continue sa tournée des Rois du Shopping...
De quelle tenue nous reviendra t'il paré après la prochaine pluie glacée,
celle d'hiver sur mes carreaux...
Finalement, c'était Sacha Distel...
"La pluie d'hiver sur les carreaux
Frappait ses gouttes d'eau
La pluie d'hiver sur les carreaux
Jouait un air de banjo...."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire