Je quittai donc mon écrin de hautes montagnes et le cadre familier et lugubre du barrage de Cavallers.
Pour refaire le chemin à l'envers.
A la tombée du soir je choisis un joli village (Sopeira) minuscule dans un cadre de falaises ocres et par pur masochisme situé au pied d'un...barrage. Décidément !
Je me plus instantanément ici, d'ailleurs je vous y emmènerai.
Mais l'heure n'était pas au repos, le grand bal du 16 août s'y préparait et bien que je sois devant un petit monastère à l'horloge un peu folle, la nuit qui se préparait semblait encore un peu plus folle.
Déjà la montagne rouge résonnait comme un théâtre antique, renvoyant le son si bien que c'en était parfait, et si joliment qu'on eut pu aller n'importe où, on s'y serait cru.
Jamais je n'avais entendu pareille acoustique!
On eut pu installer un concert dans la salle des fêtes et le public bien plus loin au bord de l'eau, au pied des falaises, il eut semblé que chaque concertiste fut suspendu à flanc de falaise, invisible au bout d'un fil.
J'aurais pu aller au bal et danser une partie de la nuit, mais mon âge respectable m'interdisait pareilles privautés et la route à faire le lendemain ne m'y autorisait pas davantage.
Je partis donc dans la nuit tombante à la recherche d'un autre site, ce qui ne devait pas manquer dans ce paysage accidenté.
Justement un panneau touristique m'avait indiqué un village portant le même nom (peu courant) que mon village.
Il n'en existe qu'un en France : le mien.
Le village n'en était pas un, je trouvai bien l'entrée du chemin, par repérage, je dis bien chemin, c'était une piste de terre anonyme. A la lueur des phares, je ne m'y risquai pas.
J'eus raison, un petit voyage sur internet sur un site de cartographie espagnol me montra qu'il y avait 5km de piste et que cette piste n'effleurait même pas le "village" qui semblait être davantage un hameau à 1045 m d'altitude.
Oh mais j'irai ...un jour...Un original but de voyage.
Me voilà donc en pleine nuit sur la route , puis dans une bourgade flanquée d'un joli pont, mais la rue principale était barrée en son extrémité, pour cause... de bal, m'obligeant à une longue marche arrière.
Inutile de dire que je n'aime pas dormir le long des routes ni dans un parking impersonnel : il me faut un cadre de vie, pardon de nuit.
Où je me sente bien.
C'est ainsi que Montañana m'appela au bout de sa petite route sinueuse et dans la nuit devenue profonde.
Je discernai une tour haut perchée en arrivant, un village fantôme au bout du parking terminus.
Je passai une nuit fort sereine, Lison aussi qui ne se hasarda même pas à veiller, pardon, surveiller.
Une nuit plus loin, je ne regrettai pas le détour: découvrir Montañana fut un cadeau.
La fête avait eu lieu le 15, il n'en restait nulle trace, sinon une affiche solitaire.
Je laissai Lison au camion, elle n'avait nulle envie de visiter.
La médiévalité du village ne la séduisit même pas : quelle inculture !
Le village est cité dès le X ème siècle mais ce fut au Moyen Age qu'il se développa. je ne sais ce qui l'y incita mais aujourd'hui, il semble n'avoir guère changé; enfin oui, tout de même mais son côté désuet, authentique, préservé en font un joyau classé au Patrimoine Historico Artistique espagnol. Depuis une trentaine d'années.
Certains lieux ont été restaurés : les ouvrages religieux et militaires.
Les rues sont pavées presque comme autrefois et la pierre est comme les écailles d'un serpent, elle habille tout..
Dès l'arrivée au village un superbe pont médiéval raconte une histoire, celle d'un rio envahi d'herbes folles qui sait se fâcher violemment. Mais c'était sans compter avec la solidité du pont.
Les porches sont nombreux dans le village: de l'autre côté du pont ils ouvrent les rues.
Les rues ? Sont-ce des rues, ces pentes reptiliennes habillées de pierres, bordées de pierres? Il semblerait que oui et même la pierre habille des chemins qui grimpent dans les méandres du rio, chemins en méandres, méandres du rio, on s'y perdrait si le tout n'était pas si profondément encaissé.
Les rues et la pierre |
Chemins de pierre à l'assaut des collines |
Etranges constructions dans les collines |
La pierre du sol à l'état naturel : un solide conglomérat |
C'est Santa Maria de Baldos, qui remplaça une église primitive et le château.
L'intérieur révéla de belles fresques et l'extérieur un somptueux portail.
Les fresques |
Elle fut longtemps flanquée d'une Abbaye, fortifiée au 16 ème également mais au début du XX ème, c'était de telles ruines qu'aucune restauration ne fut envisageable: démolie, seules ses ruines furent restaurées.
Restes de bâtiments, four à pain, arcades, et ce coup d'oeil sur les environs !
Ruines de l' Abbaye |
Four à pain |
Tour de la Mora, 11 eme S Tour ronde, 9 m de diamètre 12 m de haut, 4 niveaux. |
Les tours du village |
Et puis, Montanana a une autre église du XIII èmè S, située tout en bas dans la vallée.
Là où serpente le rio entre des collines jadis cultivées dont il ne reste plus trace de la moindre culture. Sinon les murettes.
Cette église plus modeste est la plus usuelle, par sa situation.
Son portail est flanqué de belles sculptures. A l'intérieur l'une d'entre elles que je n'ai pu voir représente ...la luxure contre laquelle il faut lutter ! Représentée par une femme, naturellement!
Gravure de la luxure (intérieur église) |
façade de la mairie |
sculptures en réemploi |
A présent, tout comme moi, sous un soleil de plomb, vous avez usé vos jambes
dans le roc et dans l' Histoire.
Reprenons la route vers un ailleurs...que je vous ferai découvrir. Lequel ?
Ah...suivez moi encore un peu...
merci pour la balade,
RépondreSupprimerces rues de pierres sont magnifiques
bon dimanche, bisous
C'est impressionnant tant de pierres, ça étouffe même. Bisous
SupprimerEt bien je suis contente d'avoir été au bout de ta plume, c'est une superbe balade.
RépondreSupprimerEt j'apprécie ton trait d'humour quant à luxure ! Comment pourrait-il en être autrement, nous sommes le diable personnifié depuis que, sous le charme du serpent, Eve succomba et croqua la pomme en incitant Adam à en faire autant.
Que nous sommes vilaines !-o)))
Ces rues pavées de galets sont magnifiques, lors de ma visite à Pavie au mois de mai j'ai, marché trois heures sur des galets de ce type. Heureusement que j'avais changé de chaussures.
En tout cas bravo pour ce joli texte, et puis j'aime beaucoup ces petits villages encore isolés celui-ci ressemble beaucoup à Rocchetta Nervina près de la frontière mais en Italie ce coup ci.
Gros bisous Lison.
Belle journée
Bien sûr, nous les femmes...ah il y en a à dire... Mais nos qualités ! ça alors, il y en a aussi !!! Ces villages je sais pour avoir vu sur ton blog que tu en rencontres parfois. Chaque pays a ces petits trésors enfouis dans le temps. Bisous Mireille
SupprimerJ'adore toutes ces vieilles pierres. Quel charme a ce village ! Et une fois de plus, tu sais si bien décrire les paysages.
RépondreSupprimerMais Lison, il me semble qu'il n'y a pas d'âge pour aller guincher :-)
Aller guincher ! Avec une expression comme ça dans mes bagages, je n'aurais point hésité. Bon alirs je reviendrai le 16 aout 2015 et j'irons guincher ! Merci Miss MM pour ces bonnes idées. Aïe j'aurai un an de plus ?
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