Ce fut une bien étrange soirée…
Lorsque je pénétrai dans la salle de conférences, ce fut le
chœur d’ Aida, de Verdi qui m’accueillit. Instant étrange car il n’était pas au
programme de l’époque visitée, il servait juste de test à la sono.
Et pourtant Aida fut mon premier moment de musique dans ma
vie.
J’avais 12 ans et en classe de 4 ème, le professeur de
physique enseignait la musique. Il nous plongea de suite dans les chœurs d’
Aida que nous chantions en chœur –évidemment- et avec les notes seulement. Je
ne les ai pas oubliées. Je les sais encore par cœur, 50 ans après… Ensuite je
devins une adolescente passionnée de musique classique que j’écoutais tard dans
la nuit sur le transistor moderne des années 60, dans ma petite chambre
Petite parenthèse, j’y vis un signe, celui que la soirée allait m’amener sur des
sommets.
Car mon rêve serait d’être trompettiste et de jouer Aida sur les hauts sommets enneigés des montagnes que je gravis…
Comme c’est étrange…
La salle se remplissait doucement et la conférence –le
concert allais-je dire- commença.
Le thème était « La musique sous la Révolution et l’
Empire ».
Révolutionnaire, la conférence le fut. Impériale également…
Jean Claude, le conférencier , est devenu un ami.
Je l’ai rencontré en même temps que Rossini.
Il nous gratifia un jour, d’une magistrale
« conférence » sur Rossini, qu’il semblait avoir cottoyé, avec qui il
paraissait avoir noué des liens d’amitié, de fraternité dans une joyeuse
débauche musicale.
C’est pourquoi on ne peut parler de « conférence »
mais plutôt d’une vie partagée dans laquelle il nous a conviés à nous insérer.
Un voyage hors du temps, du siècle, du quotidien.
Par la seule magie de sa passion.
En toute simplicité.
Alors, de la Révolution à l’ Empire, je tenais à faire ce
voyage, moi la nulle en histoire.
Un régal..
Le temps se déroula chronologiquement, linéairement mais
chaque événement, chaque
instant le fut en paroles et musiques. Sobriété des paroles,
extraordinaire choix des extraits musicaux.
Ils ne nous étaient pas seulement donnés à entendre, à
écouter, mais on y pénétrait par une porte secrète, comme dans ces coins
secrets des châteaux, ouvertures dissimulées et on « était dans la
musique », on entendait arriver les instruments, dialoguer les hautbois,
arriver ces chœurs féminins, vibrer ces voix de basse masculines. Pleurer ce violon.
Chanter cette mandoline.
Venus de France, d’ Italie, d’ Allemagne, d’ailleurs.
Gossec, Beethoven, Cherubini , et d’autres familiers ou inconnus, même Mozart
fut de passage. Invité anachronique qui avait juste un mot à dire.
Non, en surimpression de l’extrait, en un geste, un mot, un
sourire, une vibration, Jean Claude nous ouvrait les portes des notes, des
voix, des mouvements qui enflaient et s’éloignaient…Chef d’orchestre d’un
moment qui nous invitait par un regard à accueillir ce qu’on voyait et qu’on
n’aurait peut être même pas entendu. Par la magie de sa seule passion. Que
dire ? ce serait trop long…
Beethoven 1770-1827 |
Pasiello 1740-1816 |
Ainsi, entre la Bastille, Le Directoire, le Consulat,
l’ Empire, les Batailles de la Grande Armée et la mort de l’Empereur, ce fut un voyage de deux heures où le temps fut suspendu. Cela aurait pu durer 3 heures, 4 heures, Jean Claude avait la magie de celui qui sait : qui sait sans forfanterie ni pédantisme, qui sait juste faire vivre, revivre, rêver, comprendre, aimer.
l’ Empire, les Batailles de la Grande Armée et la mort de l’Empereur, ce fut un voyage de deux heures où le temps fut suspendu. Cela aurait pu durer 3 heures, 4 heures, Jean Claude avait la magie de celui qui sait : qui sait sans forfanterie ni pédantisme, qui sait juste faire vivre, revivre, rêver, comprendre, aimer.
Parce qu’il « y était ».
Jean Claude Salomé orchestre la conférence |
Je me suis penchée par la suite un peu sur cet homme qui m’a
raconté son histoire.
Je l’ai soigneusement consignée.
Musicien, il ne l’est pas. Ou trop peu (par modestie peut être...)
Mélomane, sans aucun doute, lui qui n’a entendu toute sa
carrière que le grondement monocorde des trains sur les rails, avec leur rythme
saccadé et lugubre.
Comme c’est étrange.
La musique c’est un coup de foudre d’enfance, une passion
d’une vie.
La musique, il la connaît, autrement, il la vit, elle
l’habite, ils ne font qu’un dans une singulière alchimie qui mériterait à elle
seule un roman.
Je cite simplement quelques extraits de son vécu enfantin.
« Le grand déclic : Tout
commence au cours élémentaire 1ere année ( je devais avoir 7
ans.) Sur
le tableau noir ( Le petit tableau à droite dans la classe)
: un texte écrit à la craie , que je connais
encore par coeur, comme beaucoup d'autres.Texte que je n'ai jamais
oublié ,dont j'ai écouté la musique, et que j'ai chanté
des centaines et des centaines de fois :
C'était " Le duo de la déesse"
pour voix de ténor et baryton ( Extrait des Pêcheurs de Perles
de Georges Bizet) " ...
L'instituteur eut la patience de nous apprendre cet
air difficile pour des enfants et de nous le faire chanter… »
Et aussi : « - Aprés Bizet , ce fut
l'extraordinaire " l'Hymne à la Nuit" de Rameau (…. ) Puis
la 9eme symphonie de Beethoven (…) Ensuite j'ai découvert avant 10
ans, des airs toujours appris en
classe : L' air d'Isis de l'acte 2 de La Flûte
enchantée de Mozart - ( pour voix de basse ) - Le "choeur des chasseurs"
de l'opéra " le Freischutz' ( Le chasseur libre ) de Von
Weber - - La Barcarolle des contes d'Hoffmann d'Offenbach
– (…) »
Ah ! Ces découvertes
d’école….que d’empreintes elles ont laissées…
Il me parlera au cours de ces
missives, d’orchestres, instruments, tessitures de voix, avec une remarquable
technicité et simplicité, il me parlera des différentes interprétations d’un
même morceau et dans quel but, il me contera sa façon de composer une
conférence que j’apparente à la composition d’une musique par un musicien et
lorsqu’il confère, croyez moi, ce n’est pas un texte qu’il dit, c’est un chœur
d’opéra qu’il interprète en toute simplicité, avec les gestes du chef
d’orchestre qu’il a rêvé d’être depuis son enfance et qu’il joue à être dans
l’intimité de sa quête.
Bravo Jean Claude, tu me reverras souvent…
Additif :Pour les lecteurs locaux
De la part du conférencier Jean Claude Salomé : invitation...extraite de son mail.
Amédine ,.....
Puis je aussi pour les lecteurs locaux donner la date et le thème de mes conférences à Céret ?
1°) CERET - Médiathèque : Samedi 19 Avril 14h 15 avec un certain .... " Giuseppe VERDI"
- Médiathéque : Samedi 25 Octobre 14h 15 : ( En principe : MOZART et "La flûte enchantée")
2°) LE BOULOU - Médiathèque : Mardi 03 Juin 14h 15 ( les mots ont la parole) : " La Musique descriptive dans les oeuvres des grands compositeurs" - (Musique qui s'attache à imiter ou à évoquer des phénomènes naturels, des événements, des lieux, des ambiances, ou des personnages : chants d'oiseaux, bruits de la forêt , saisons, orage, danses diverses, etc...
Voilà, chose faite et venez vous "régaler"...
"La musique, c'est un coup de foudre de l'enfance", tu as parfaitement raison, Lison, pour moi ce fut la peinture et je crois qu'il n'y a pas, en nous, de place pour deux coups de foudre...
RépondreSupprimerAlors la musique n'habite pas ma vie comme le fait la peinture...
Je t'écrirai mardi, je serai, à ce moment-là, fixée sur les dates de mes venues à Estagel.
Je t'embrasse, très belle journée !
je serai vraiment heureuse de te rencontrer et de faire connaissance avec ton coup de foudre d'enfance....Bisous
Supprimerformidable histoire que celle de cet homme
RépondreSupprimerqui devient amoureux de la musique. Il pouvait
plus mal tomber. La musique est en lui et
ne le quittera jamais. Je t'embrasse et bon
week-end. ELZA
Il ne vit que pour ça, semble t'il; il m'a fait le récit de son parcours de vie c'est remarquable...Je t'embrasse
Supprimer