mercredi 25 décembre 2013

Balsac et Balzac

Dans mon périple Aveyronais d'avant Noël, je ne pouvais passer près de Balsac sans m'y arrêter.
Certes il manquait un Z et un S s'y était substitué, ce n'était pas du même dont il s'agissait mais j'était très honorée de faire escale à Balsac. Balsac ne parut pas particulièrement honoré de ma présence en ses murs mais cela ne m'importait guère.
Après le ruissellement de lumières de la cathédrale de Rodez, j'arrivai à la noire nuit dans un village aux contours noyés dans la lueur des phares mais l'église, posée comme un îlot sur une place immense me séduisit aussitôt.
Elle ruisselait de lumière blonde sauf son porche, nanti d'une crèche noyée de bleu sous des cieux noirs et d'un grand Père Noël facétieux auquel un enfant tout aussi facétieux alla tirer la barbe, ce qui fit crier, vitupérer, vociférer ce rougeoyant personnage à barbe blanche.


L'enfant disparut au grand galop sur l'immensité de la place suivi par son père tout aussi vociférant que le père Noël et s'évanouit dans la nuit, ramenant un soudain silence que plus rien ne devait troubler en  cette nuit d'hiver.


De mon lit, je voyais ce tableau coloré , ponctué toutes les demi heures par la cloche de l'église qui, si elle donnait l'heure à écouter, ne semblait pas s'entendre avec son voisin clocher qui avait perdu une aiguille au fil du temps, l'autre aiguille n'en faisant qu'à sa tête et ne suivant en aucun cas ni les heures ni les minutes, ayant perdu la tête dans une folle et illogique sarabande.

Donc Balsac était un peu fou dans ce soir d'hiver.

Bien sûr je savais que Balzac Honoré (qui avait fini par ajouter une particule à son nom dans sa jeune existence) n'avait rien à voir avec ce Balsac-là.

Né à Tours en 1799 et mort à Paris en 1850 à 51 ans, ce fut un sacré personnage.
Je peux difficilement lire Balzac bien que ses ouvrages soient passionnants, une succulente peinture humaine et sociale parce que Balzac m'épuise !
Et oui, j'ai l'impression d'être au théâtre avec un va et vient perpétuel de personnages qu'on s'évertue à suivre et qui finissent par échapper, dans un tourbillon d'actions qui virevoltent et donnent le tournis : ah! on ne s'ennuie pas avec Balzac, et on ne s'y endort pas.

Il faut dire que ce sacré personnage avait une vitalité d'enfer: il fréquentait la société pour mieux la dépeindre, se cultivait intensément, aimait la bonne chère, dévorait la vie de toutes les façons et écrivait debout, 17 heures par jour, debout pour ne pas sombrer. Sombrer dans l'épuisement mais aussi sombrer socialement car il était couvert de dettes et travaillait sans relâche pour gagner de quoi rembourser...et contracter aussitôt de nouvelles dettes puisqu'il dépensait plus qu'il ne gagnaitt.
Fascinant personnage mort d'épuisement, en somme.

A Balsac, je ne trouve que le repos, je lis mais pas du Balzac, j'écris et je dessine sans quitter mon lit l'église qui me fait face, ainsi qu'une grande croix auprès de laquelle j'ai posé mon bivouac.
Et au matin, je pars à la découverte.
Des 586 habitants, je n'en verrai même pas une demi douzaine, mais dans ces villages là, on peut encore gratifier les habitants d'un aimable "Bonjour", sans avoir l'air d'un extra terrestre.
Le village est bâti en solides maisons aveyronnaises, en pierre avec de belles ouvertures dont on se demande, pour certaines, si elles n'ont pas été empruntées au château détruit en 1570 par un incendie. Et reconstruit plus tard bien sûr. Joliment restauré, même.







Je ne quitterai pas Balsac sans vous parler d'un des textes de Balzac que je préfère : "La vieille fille"
Ce petit roman de 140 pages (en livre de poche), écrit en 1836, raconte l'histoire d'une vieille fille de 40 ans (l'âge de Balzac quand il écrivit ce texte), vivant  à Alençon, dans l'Orne, qui, travaillée par l'appétit de son corps, n'eut de cesse de trouver un mari qui s'intéressât à son corps et non à sa fortune.
Un récit succulent, un portrait irrésistible de cette Rose Cormon dont voici un extrait:


La vieille fille trouva deux prétendants à force d'opiniâtreté, elle en choisit un, mais...je ne déflorerai pas l'histoire...je vous assure juste que la fin vaut bien qu'on se régale pendant 140 pages !!!

Quant à moi, je quitte Balsac après ces réminiscences pour une belle balade aveyronnaise, en compagnie de Lison, que je vous conterai dans mon autre blog.

2 commentaires:

  1. Je ne connaissais pas ce roman, tu donnes bien envie de le lire.
    Merci Lison pour ce beau billet et ces belles images,
    bisous
    Laurence

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  2. Bisous; facile à trouver; en poche, GF Flammarion N° 481

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