Il
est onze heures du matin dans un village qui s’étale au soleil, juste à
l’entrée de la Vall Fosca, une étroite vallée ; c’est dire si le village
prend ses aises !
Il est
onze heures et l’ Espagne vit.
Presque un patio |
Elle vit dans la rue, au son des conversations
animées, des rires et des anecdotes.
On emprunte les chaises une à une au café d’en
face et on tient salon entre hommes et femmes sur le trottoir d’en face, dans
la rue plutôt : la rue est étroite et les voitures absentes.
Modernité oblige, l’ Espagne s’exclame devant
les écrans photo des téléphones portables.
Et une chaise de plus s’envole au dessus de la
rue.
Ils ne sont pas tous arrivés |
Personne ne consomme : l’un tapote son
clavier, l’autre lit son journal. Un autre encore fait escale entre l’épicerie et sa maison. Il ne s’attardera
guère, sinon…à la maison…mais la halte, même fugace, s’impose !
Un dernier, nanti d’un chapeau et d’un grand
bâton de montagnard, plus grand que lui, tient dans sa main libre un savant
échafaudage de tomates surmontées d’une courgette sur lesquelles tout le monde
s’extasie. Puis il plonge avec cet appareillage dans l’antre animé et bruyant
du café.
Dehors ça cause, ça rit, ça commente, ça vit,
tout simplement. Haut et fort. Avec la gestuelle qui va avec. On pourrait
parfois croire en une dispute mais il n’en est rien !
Il y a la voix grave des femmes endimanchées,
coiffées, bouclées, parfumées un peu violemment. Elles arborent des talons, des
couleurs un peu criardes : jaune, mauve, kaki, en un savant désordre un
peu printanier . elles ne s’assoient pas, contrairement aux hommes ; elles
sont de passage, en partance vers des tâches ménagères ; c’est juste une
pause dans le quotidien besogneux de la maîtresse de maison ordinaire. Et puis,
peuvent-elles se permettre de donner l’impression de n’avoir rien à
faire ? Ou pas grand chose ? Un samedi matin de grand soleil ?
Les femmes ne sont pas en reste dans cette cacophonie endiablée ! Je ne
saisis pas tout de la conversation en ce catalan débridé de journée d’été. L’été
est si court en montagne…
Un chat famélique traîne, va de l’un à l’autre
et essuie une caresse distraite.
Puis les femmes se dispersent, une à une, comme
à regret.
D’autres arriveront, moins nombreuses,
resteront debout un instant, tiraillées entre la vie bruyante et l’intérieur
silencieux de leur maison désertée.
D’autres chaises, sans doute, traverseront la rue dans un furtif envol ; le garçon
de café ne dira rien, et plus tard, peut être restera sur le trottoir une
chaise esseulée comme à mon arrivée…
on a l'impression d'y être, et on va dire bonjour au chat. bisous
RépondreSupprimerJe n'ai pas manqué de saluer le chat, mais avec attention, pas distraction; cependant Lison, dans son panier lui a fait un accueil glacé et crachant, alors qu'il était chez lui! Quelle éducation lui ai-je donnée?
RépondreSupprimerTrès belle cette description de la vie quotidienne dans un coin perdu dans la Vall Fosca. Moi, je viens de passer trois semaines tout juste à côté, près de Llavorsí. Merci de visiter mon blog.
RépondreSupprimerTrès beau blog d'artiste que je recommande ainsi que les blogs auxquels vous êtes abonné.
SupprimerComment as-tu pu deviner ? Oui, ça m'a plu. Plus que ça même. Je suis un grand fan.... Enfin, presque toujours...
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