Un très cher ami s'offusqua récemment de me voir, en montagne, sortir de ma besace un quignon de pain accompagnant mon frugal repas. Un quignon ! Pensez donc...
Telle la Madeleine de Proust ce quignon lui rappela je ne sais quel épisode exhumé de l'enfance sauf qu'au lieu d'avoir les délices de la Madeleine, cette exhumation se vêtait de relents acides, voire dégoûtants venus de souvenirs affligés de l'enfance.
Alors s'ensuivit un dialogue de sourds, lui, voulant à tout prix me faire manger de la baguette toute fraîche et neuve, et moi, mon quignon tout aussi savoureux de pain noir. Je sauvai de justesse mon quignon de la noyade dans la rivière toute proche, l'enfouis dans ma besace pour un usage ultérieur et sacrifiai au rituel de la baguette fraîche, laquelle, rompue avec les doigts ne ressemblait à rien d'autre qu'à un quignon...oui mais c'était son quignon dont tout le reste s'épanouissait en baguette amputée dans le coffre de la voiture !
Nous en restâmes là mais le quignon revint fréquemment dans nos conversations et j'entendis avec stupéfaction cette phrase superbe : "si encore cela avait été une tranche". Ah...rompre le pain en mode quignon est plus .....ou moins..., enfin pire ! que trancher le pain au couteau ?
Je suis paysanne de coeur, de corps et d'esprit, j'eusse pu être bergère de la même manière et que je sache, le quignon était indissociable de leur besace.
Le quignon a pour moi le goût du savoureux "lothentique" de Pagnol !
Bon nous n'allons pas ergoter. Le quignon s'accompagne en général d'une charcuterie, d'un morceau de fromage comme il s'accompagna longtemps de thon à la tomate : en montagne je me nourris, je ne fais pas de la gastronomie. Pas de vin en montagne; par contre, au bivouac, le quignon ne saurait se passer de ce breuvage régénérant qui fête avec le pain de nobles épousailles.
Parfois c'est vrai quelques tranches peuvent donner à mon menu un air de fête, c'est le cas si je fête Noël dans mon fourgon, le vin s'habille alors de bulles, toujours dans le cadre de leurs épousailles on ne peut unir une robe des villes et une robe des champs.
Alors en quelques images, voici l'histoire des quignons voyageurs sans qui ma vie ne serait plus ma vie et moi...je ne serais plus moi…Et pourquoi pas ? le pain ne serait plus le pain !
Et nos rires autour de ce quignon ne sont pas prêts à s'éteindre car si des raisins purent devenir de la colère, le quignon lui participe à nos fous rires : d'où mon clin d'oeil moqueur.
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Quignon au sommet du Canigou |
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Quignon au sommet du Pic de Camporeils |
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Quignon contemplant l' Etang Faury (Secteur Lanoux) |
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Quignon aux sports d'hiver ! |
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Quignon aux abris dans un mini orri style congélateur d'altitude (Gallinas) |
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Quignon aux abris en hiver à La Vignole |
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Et quignon au soleil après une virée au Cambre d' Ase en neige |
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Quignon au bivouac, Ariège |
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A chacune son quignon |
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Ce n'est pas fin prêt ! |
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Quignon en pays de Sault (Ste Colombe sur Guette) |
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Le quignon ne fait pas bon ménage avec l'eau fut elle sémillante |
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L'eau du ciel suffit au quignon. Ariège |
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Tiens v'la du boudin ! Et pas de quignon ? Bien sûr que non, des tranches : on est au Refuge du Rulhe, Ariège |
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C'est Noël, le quignon s'est fait trancher ! |
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On change l'eau en vin |
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et le soleil en nectar |
Allez mon grand, je te promets une grande surprise à la prochaine sortie. On va rire . Jusqu'à l'ivresse...
A celui qui se reconnaîtra ..: Tu ne "rousegues" pas de quignon mais "ets un mal quignol !"
🤣🤣🤣🤣mourir de rire, un grand merci Amedine, BB
RépondreSupprimerça fait du bien de mourir de rire, ça change de la mort
SupprimerBelle histoire pour rouseguer un quignon
RépondreSupprimerRouseguer un quignon bien accompagné, on peut l'entendre bien garni ou entre amis, ce bien accompagné
SupprimerMa foi, j'ai un petit faible pour les... "quignons ariégeois" ! Si en plus, y a de la saucisse de foie de Foix à déguster au bord de l'Oriège, je suis partant ! Tout est bon dans le quignon... garni !! 😄😄
RépondreSupprimerLes quignons ariégeois garnis de foie ou pas, j'en ai dégusté plusieurs fois au bord de l'Oriège que je me plais à côtoyer de jour comme de nuit. Une référence. Il y a aussi un petit bar où je me plaisais à déguster un petit carafon de rosé
SupprimerAlors là que dire de plus ??? je n'ai pas de mots pour te signifier notre fou rire général avec ma moitié. L'amitié s'accommode de tout même d'un quignon de pain au détour d'une petite route à l'arrière d'une voiture après une longue marche... Un grand merci pour ce reportage qui va déclencher chez moi une introspection "quignolesque"... Mais si je dois te promettre quelque chose c'est que les fous rires ne sont pas pres de s'arrêter. Merci pour ce reportage magnifique et cette plume toujours aussi pimpante.. Merci d'être simplement TOI.
RépondreSupprimerAlors là, que rajouter ? J'ai ri "jaune" en montagne, j'ai ri de bon coeur en rédigeant, j'ai ri en t'imaginant lisant (en vous imaginant), nous rions quand nous en parlons et nous n'avons pas fini d'en rire. Finalement pas besoin d'aller aux spectacles d'humoristes pour se payer une bonne tranche ...de rire
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