Je n'ai aucun souvenir d'apprentissage de la lecture parce
que j'ai su lire bien avant
d'avoir l'âge des souvenirs.
Je lisais à trois ans.
Je lisais à trois ans.
Lire était une vocation comme d'aucuns peignent, écrivent, dessinent ou font de la musique
J'avais « demandé les lettres » à ma mère et je
déchiffrais à l'épicerie du village
ce qui était écrit sur les boites, en attendant notre tour;
c'était en 1953. Je les assemblais
aux sons, comme on assemble les vins au goût, je
construisais les mots, les phrases, comme
on construit un
objet.
Je m'appropriais à la fois langage et écriture, j'ai eu
ainsi une orthographe très correcte,
sans connaître la
moindre règle, et le goût des mots, des livres et des textes; j'écrivais
sans cesse dans ma tête, rarement sur le papier : tout cela
m'est resté.
Aujourd'hui, lorsqu'un élève de 6 ème sait lire, on
s'extasie, lorsqu'un ado ou un jeune adulte
aime lire, on
l'assimile à une pièce de musée.
Lire fut mon pain quotidien: je lisais tout ce qui me
tombait sous la main, je lisais
des « histoires », il fallait que la lecture me
conduise ailleurs, me fasse rêver, c'était
mes contes de fée à
moi, même si les contes finissaient mal.
Dans un autre milieu, peut être eut on orienté mes lectures.
J'avais certes des interdictions,
pas des orientations. Je profitai amplement des premières,
les livres « à l'eau de rose »
de ma grand mère. Pour le reste, c'était des histoires de
mon âge : bibliothèque rose,
verte puis rouge et
or, histoires proprettes, douces, moralisatrices, où chacun avait sa place,
son rôle très
défini. Maman ménage, couture, repassage, au foyer, papa au bureau, les
garçons,
les filles, leur
rôle bien défini, leurs amitiés différenciées et leurs jeux sans interférences.
Loin des polémiques de maintenant.
Et je lisais : partout! En arrosant les champs, en cachette
tard dans la nuit, en surveillant
les frites (horreur
! La carbonisation!), sous les arcades des galeries du lycée, dans l'autobus
lors des trajets
scolaires, etc..; etc...partout où on peut lire.
Je continue, d'ailleurs.
Alors, des livres, j'en ai avalés.
Comme je suis très active, très mobile et physique, la
lecture vient toujours après.
Et malgré cela , je lis. Tous les soirs et pendant mes
insomnies.
Il n'est pas un jour sans lecture.
J'ai une bibliothèque assez conséquente, répartie dans 2 pièces.
Cependant, que lis-je?
J'aime lire quelque chose qui me fasse rêver, voyager dans
l'espace ou l'âme.
Récits, biographies, psychologie, romans sont mes genres
préférés;
Point de politique au menu, point de philosophie, si la
psychologie est au rendez vous.
Rarement des romans historiques, très peu d'histoire. Ni de
policiers.
Surtout des romans, avec une histoire, des états d'âme, du
rêve, enfin.
Donc, mes lectures doivent me vendre du rêve, doivent me
faire rencontrer des personnages.
De sacrés personnages, pourquoi pas ?
Les biographies me plaisent : je vais rencontrer des
personnages qui sortent de l'ordinaire,
sinon ils ne
seraient pas l'objet d'une biographie.
Sophie Chauveau |
Une vie, un art aussi. Je me suis passionnée pour les biographies écrites par Sophie Chauveau sur les peintres de la renaissance Italienne.
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Forte de 4 années de documentation, cette
romancière conte avec brio et passion le « Siècle de Florence ».
On gambade avec l 'enfant Léonard, Fragonnard, Lippi,Boticcelli ,
on fréquente les bouges, les ateliers, la cour, on fabrique les pigments avec
eux, on copie, à n'en plus pouvoir, les grands maîtres, on crée, en cachette,
on dépasse le maître qui signe les premières oeuvres, enfin si on n'est pas le
maître, on vit dans son sillage tout au long du « roman
biographique ». Une expérience inoubliable...
Quant aux romans, j'ai une façon bien personnelle de les
aborder.
Je découvre, ou j'aborde un auteur sans mobile bien défini,
juste parce qu'il se glisse dans
« la liste de
mes envies ».
Jeune, je me suis passionnée pour Gide, Beauvoir, Mauriac,
Malraux, orientée en partie par mes études de lettres. Donc j'ai pris
l'habitude au sortir de l'adolescence, de découvrir un auteur
à travers plusieurs ouvrages écrits par lui. Une
« option » littérature comparée plus tard m'a
ouvert l'esprit autrement.
Une vie très remplie, beaucoup de travail physique
n 'ont pas réussi à m'éloigner de la lecture,
juste me ralentir
parfois, pour cause de fatigue. Des soucis de vie m'ont éloignée de la
lecture pour mieux y revenir.
J'aborde un auteur par le biais d'un livre, au hasard, ou
bien de façon très choisie, mais je ne me contente jamais d'un seul livre...si
l'auteur et son travail m'attirent.
Je lis toute une série d'ouvrages de cet auteur, essayant de
faire émerger un lien, une trame,
dans le style, dans
le vécu personnel de l'auteur, dans le message sous-jacent. Disons que je vais
à la rencontre du personnage auteur; en essayant ensuite de
lire des auteurs de même époque,
même lieu historique, économique ou géographique, même
veine, quoi.
Ainsi pour l'auteur anglaise Anita Brookner: Cette
romancière est historienne d'art, son
travail
sur David et Watteau
font référence; Ses romans sont construits comme un tableau, par petites
touches au pinceau, sans trop de couleur cependant; je dirai plutôt comme de la
dentelle. Il ne se passe quasi rien dans ses romans, on voit juste à travers ce
vide se dessiner un personnage point
par point, dans ses
menus gestes; comme une désespérance. Mais quelle construction psychologique !
Quel régal!
Anita Brookner entre dans le monde des lettres quand meurt
Barbara Pym, qui pourrait être son inspiratrice. Ou son initiatrice.
J'ai poursuivi cette veine littéraire avec Johanna Trollope,
une des romancières populaires de
Grande Bretagne
de ces 30 dernières années et avec Angela Huth.
En gardant une préférence pour le style d' Anita Brookner.
Il me faut découvrir Jane Austen, une référence dans la
littérature anglaise;
Née en 1775, elle écrivit souvent de façon anonyme, jusqu’à
sa mort en 1812. Donc elle fut peu connue.
Elle ne fut reconnue à sa vraie valeur qu'en ces XIX ème et XX eme siècles, après que son neveu eut écrit une biographie (en
1869) sur cette femme étonnante et ses
ouvrages rencontrèrent alors l'adhésion des lecteurs et de la critique. Elle
est mondialement connue.
Post mortem.
Pour d'autres pérégrinations en auteurs
Je crois que tu lis comme je peins, un besoin en moi, né quand j'étais très jeune, aussi...
RépondreSupprimerMais j'aime lire également, et comme toi, la lecture est la compagne de mes insomnies...
Je suis dans une période polars, mais les biographies, pourquoi pas ?
Je t'embrasse, Lison, très belle soirée !
Merci, Norma; je me sens toujours en phase avec tes ressentis. A quel âge as tu été prise du besoin irrépressible de peindre ? Je t'embrasse, chère Norma
Supprimeroui le livre est dans ta vie comme une évidence... et pour moi c'est la musique, qui a commencé très tôt dans ma vie aussi, avec pour jouets des objets qui créent ds sons, ensuite un jeu d'étudier la musique.
RépondreSupprimerbisous
C'est à dire qu'on a fait de ton attirance un apprentissage ludique propre à justement un apprentissage dans le plaisir et non dans la contrainte. Cela est essentiel pour favoriser une vocation : s'approprier "l'objet" avant que de le travailler. Ainsi le bonheur s'installe. Bisous, Laurence
SupprimerJe suis admiratrice pour la passionnée de lecture que tu es !!! Je lis peu et je le regrette ... Je n'arrive pas à trouver le moment opportun pour le faire ! Soit je suis dérangée ... soit c'est le soir tranquille dans mon lit et là je plonge !!! Mais l'envie de me réserver des moments pour ça me titille de plus en plus d'autant que je suis bénévole à la Croix Rouge pour la section bibliothèque proposée chaque semaine dans l'hôpital où j'ai fait ma carrière professionnelle ! Proposer des bouquins aux malades est difficile lorsqu'on ne les a pas lus !!!! Mais je me débrouille très souvent avec la couverture au dos ! Cela me donne l'occasion de discuter un peu avec les malades et certains très isolés ont besoin de ce "petit brin de papotage" hebdomadaire ! J'aime bien faire ça ... mon côté mère poule trouve de quoi s'éclater ! Bravo pour ce blog que j'explorerai de temps en temps ... Je file sur l'autre !
RépondreSupprimermerci Anne et surtout bravo pour ta générosité...tu te donnes à fond et je comprends que tu sombres mais même avec la couverture du livre, si tu apportes un peu d'envie et de bonheur, c'est gagné. je t'emlbrasse fort
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